Batman - Terre-Un 3. Tome 3

L a trilogie Terre-Un redéfinit les origines de Batman. Le canevas de base demeure évidemment le même, un milliardaire se déguise pour taper sur les méchants. Alors que les deux premiers opus racontaient la jeunesse du personnage et son apprentissage du métier de justicier, ce troisième présente un chevalier en pleine possession de ses moyens. Il doit combattre un mystérieux malfaiteur, lequel souhaite monter une armée de délinquants pour détruire Gotham.

Au-delà d’une aventure somme toute conventionnelle, cette relecture permet de mettre en place des petits trucs sympathiques. Bruce Wayne semble plus serein et moins solitaire, Croc, l’homme-lézard, est un chic type et Alfred Pennyworth sort de sa grotte pour prendre part à l’action… en fait, il n’y a plus de batcave. En remettant les compteurs à zéro, ce récit amuse l’aficionado traquant les écarts par rapport à la trame traditionnelle ; à l’inverse, le néophyte se réjouit de tout comprendre, même s’il n’est pas familier de cet univers qui se complexifie depuis quatre-vingts ans.

La lecture que le protagoniste fait des événements apparaît également intéressante. Il dévoile que les membres de la famille Arkham, celle de sa mère, dominent le développement de la mégapole depuis des siècles. « Leur peur irrationnelle explique l’aspect labyrinthique du réseau d’égouts et pourquoi les rues au-dessus sont parfois des impasses ou spiralent les unes dans les autres ». Ce clan, où la folie s’offre en héritage, a donc bâti la ville à son image ; ironiquement, le redresseur de torts déguisé en rongeur volant assure la pérennité de ce legs tordu. Le traumatisme initial ne remonte alors plus à l’enfance du paladin, mais plutôt à l’arrivée de ses ancêtres en Amérique, ce sont d’ailleurs eux qui ont été attaqués par des chauves-souris.

Gary Frank propose pour sa part un dessin de belle tenue. Son héros est plus svelte et a presque quelque chose de félin quand sa silhouette se détache dans la nuit. Étrangement et malheureusement, Catwoman rappelle beaucoup Harley Quinn. La construction des planches se montre par ailleurs dynamique et la colorisation très sombre de Brad Anderson renforce l’oppression se dégageant de ce conte.

Un point de vue nouveau, quoiqu’éminemment respectueux, sur un mythe moderne.

Moyenne des chroniqueurs
6.0