Lowreader 1. Devil's Key, Mr Sato, She-Wolf…

A près Doggybags, voici Lowreader, nouvelle anthologie d'horreur du Label 619, désormais édité par Rue de Sèvres. Mis à part ce changement de nom, le concept reste sensiblement le même : une anthologie qui flirte avec le pulp. D'ailleurs, Mad Movies adoube le projet. Impossible pour le lecteur de ne pas savoir où il met les pieds, qu'il soit familier ou non avec l'univers.

Ceux qui suivent l'aventure depuis le début ne seront pas dépaysés. Pour les autres, ne vous attendez pas à de la finesse. Toute l'entreprise est tournée vers l'ambiance particulière des cinémas de quartier chers à Jean-Pierre Dionnet, au mauvais genre et à la violence débridée. Les récits sont entrecoupés d'un rédactionnel qui mélange humour noir, courrier des lecteurs plutôt dérangés, publicités absurdes et des articles qui apportent un éclairage souvent intéressant aux histoires composant ce premier numéro. En effet, sous la houlette de RUN, le but n'est pas de se complaire dans le so bad it's good. Si Devil's Key (de Mud et Nicolas Ghisalberti), qui relate la descente aux enfers d'un groupe de hair metal qui a voulu bruler les étapes sur la route du succès, est trop facile, Mr Sato (par Run et Guillaume Singelin, qui rappelle le Tokyo Fist de Tsukamoto Shinyia) se révèle par contre très réussi, autant visuellement que dans son exploration de la culture des armes au Japon. She-Wolf & Cub (Florent Maudoux) ravira les adeptes de la première heure, puisque s'y retrouve Masiko, personnage iconique de l'univers Freaks' Squeele, avec un récit gore dans la plus pure tradition des films d'exploitation : une mère aux prises avec des motards loups-garous qui terrorisent une petite ville.

Le fil rouge du corbeau, qui joue le rôle d'un monsieur (dé)loyal, à la manière d'un gardien de la crypte, permet de maintenir la cohérence de cette nouvelle collection. Lowreader s'adresse à un public précis et ne cherche visiblement pas à élargir sa base. Les anciens semblent y trouver leur compte et pour ceux qui seraient tentés, la seule réserve tient à la capacité à accrocher à une bande dessinée sans concessions dans son désir de délivrer un shot d'adrénaline. Le résultat est forcément inégal, mais réjouissant pour qui apprécie le plaisir des midnight movies.

Moyenne des chroniqueurs
6.7