La forêt du temps 1. Les enfants de la pierre

N iché au cœur d’une épaisse forêt, un village vaque à son quotidien surplombé par la rondeur rassurante d’une pleine Lune omniprésente et immobile. Il est peuplé de gamins qui ne vieillissent pas et acquièrent savoir et sagesse sous la houlette du Vénérable. Mais une nuit, une silhouette se faufile jusqu’à le globe magique qui assure cette douce éternité. Surprise, elle lâche l’artefact qui libère plusieurs cristaux en se brisant au sol. Alors que l’intruse s’enfuit avec l’un des joyaux, le temps reprend sa course. Aussitôt, les pierres restantes sont confiées à Max l’intrépide, à Théo et Léo les inventeurs, ainsi qu’à Marie qui a vu la voleuse, afin de retrouver l'objet manquant et de le rapporter. Mais le bois où le quatuor s'enfonce recèle bien des pièges et des mystères.

Suspendre le flux temporel, museler le tic-tac de l’horloge, stopper la rythmique de la vie… Un rêve - ou une illusion – auquel Tristan Roulot (Chroniques diplomatiques, Le Convoyeur) et Mateo Guerrero (Jakob Kayne), déjà partenaires sur Rhum heritage, s’attellent de concert pour proposer une série destinée à la jeunesse.

Inspiré par une idée provenant du dessinateur espagnol, le scénariste livre un récit qui se révèle rapidement aussi attrayant que bien pensé. Partant sur une parution en plusieurs diptyques, il imagine une première exploration de sa thématique, en présentant rapidement le lieu, les principaux protagonistes et la situation qui déclenche l’aventure. Dynamique et rythmée, la narration ne s’essouffle à aucun moment, distillant quelques informations, laissant une bonne part à l’action, mettant en avant les caractères de chacun et jouant sur les entrées et sorties de la temporalité. Dans la dernière partie de ce tome initial, l’auteur convoque également des éléments issus de la mythologie qui ne manquent pas d’attiser la curiosité. Il met en outre l’accent sur les choix effectués par les héros et dont les effets sont tout de suite visibles, grâce notamment au graphisme. Soutenant habilement le récit concocté par Tristan Roulot, Mateo Guerreo parvient à insuffler énergie et vivacité aux jeunes intervenants, grâce à un trait semi-réaliste restituant bien leurs émotions et leur allant. Il se montre minutieux et a le sens du détail tant dans les scènes d’intérieur que dans les séquences en extérieur. Il ménage adroitement le suspense et sait impacter en maîtrisant adroitement le découpage, les cadrages et les plans. Enfin, la mise en couleur de Amparo Crespo Cardenete offre des pages pleines de pep à cette aventure en terre de fantasy.

Vitaminé, bien conçu, agréablement dessiné, Les enfants de la pierre est un album d'ouverture prometteur qui plaira aux lectorat jeunesse et pourra éventuellement séduire leurs parents. Vivement la suite de La forêt du temps !

Moyenne des chroniqueurs
7.0