Le rakugo, à la vie, à la mort 1. Tome 1

T ransposer un art du spectacle, remontant à l'ère Edo, en manga, voilà le pari fou dans lequel Haruko Kumota s'est lancé depuis 2010. Depuis, ce titre a été couronné de nombreux prix au Japon et il a été porté en série d'animation et en Drama. Avec la parution du tome initial en aout 2021, le Lézard Noir offre aux lecteurs la possibilité de découvrir ce manga tout aussi original que passionnant.

L'histoire commence dans les années 1960, à la sortie de prison d'un jeune homme, qui s'est pris de passion pour le Rakugo depuis qu'il a assisté à une représentation du maître Yakumo durant son incarcération. Il se met en tête d'en devenir le disciple coûte que coûte. Le grand Rakugaka le prend sous son aile, touché par son opiniâtreté et son tempérament jovial. Toutefois, l'homme qui a juré vouloir "emporter son art dans sa tombe" va-t-il réellement en faire son disciple ?

Ce premier tome fait découvrir le monde du Rakugo au lecteur. Que celui-ci soit Japonais ou Français, il est amené à cheminer dans le fonctionnement hiérarchisé de ce monde théâtral, ainsi que certaines pièces fort connues. Ces dernières sont expliquées en fin de volume avec un petit résumé pour chacune d'elles. Autre bonus, fort appréciable, la postface du traducteur: Cyril Coppini. Ce dernier est un Rakugo-performer comme il aime à se définir. Ce Français a tout plaqué pour apprendre cet art au Japon et ensuite le faire découvrir dans son pays natal. Ce manga est donc traduit par un spécialiste du sujet ! Enfin, l'album comporte un lexique répertoriant tous les mots importants de l'histoire.

Les personnages sont intéressants. Koji, renommé Yotaro par son maître, est loin des archétypes du personnage principal. Son côté jovial masque un passé peu glorieux dont il cherche à sortir. Tombé amoureux du Rakugo, il fait tout pour en faire et en devient attachant pour les autres personnages et les lecteurs également. Au fur et à mesure des chapitres composant ce tome, les différents protagonistes prennent de l'ampleur. C'est le cas de Yakumo mais aussi de Konatsu, une jeune femme élevée par ce dernier et qui est la fille de son ami décédé.

Graphiquement, Haruko Kumota parvient à donner vie aux scènes de Rakugo, ce qui est une performance impressionnante, tant cet art repose sur le visuel et l'auditif. Le trait est soigné et sobre, il colle parfaitement à l'ambiance de ce récit.

Un manga pour les passionnés de Rakugo et pour les curieux avides de connaitre un art méconnu en France.

Moyenne des chroniqueurs
6.0