Mobius 2. La ville qui rêve

C ontrairement à ce qui est souvent promis, la mort n’est pas le sésame pour l’au-delà, mais plus prosaïquement une manière de passer d’une version alternative de notre monde à un autre. Les seuls à pouvoir se souvenir de tels voyages sont les Voyageurs, envoyés spéciaux du Mont !

La ville qui rêve est le second volet d’une aventure en forme de triptyque, avec le trio Pécau, Kordey & Anubis aux commandes.

Les fils du vent avait la lourde tâche, non seulement d’introduire la mini-série, mais aussi de mettre en place le concept qui la sous-tend. En cela, il constituait une réussite qu’il convenait toutefois de confirmer.

S’il est question d’évoquer le scénario, il faut admettre que Jean-Pierre Pécau, en disposant parcimonieusement quelques explications sur le mécanisme résurrectionnel, n’a pas son pareil pour jongler avec les croyances et le bon sens de son auditoire. Utilisant à dessein des références historiques et les ajustant à son propos, il arrive à emmener avec lui sur Terre 9876 ou plus anachroniquement sur Terre 45677… ceux qui accepteront de le suivre sur ses voies métaphysiques ! Singulièrement, il se dégage de l’ensemble une certaine cohérence qui, finalement, permet au lecteur de se projeter dans ces univers autant parallèles que pécausiens, sous réserve d’en accepter les présupposés.

Concernant la partie graphique, Igor Kordey se surpasse ! Au-delà d’une partition qu’il cultive depuis L’histoire secrète, et qui désormais fait figure de norme, il surprend encore ; la preuve en est de ces « neuf démons » sortis d’un cauchemar libidineux de Jérôme Bosch. Aussi à l’aise dans les décors colorés par Anubis que dans les scènes où le mouvement prime, il a su définir un style porté par un encrage appuyé qui puise sa puissance dans sa démesure.

La ville qui rêve installe un récit qui, parfois, semble à deux doigts de la sortie de route. Le dénouement devrait permettre de (re)caler les dernières pièces d’un puzzle dont il est, à bien des égards, difficile de pouvoir définir les contours.

Moyenne des chroniqueurs
6.5