Les dragons de la frontière 2. Cuerno verde

D ans ce qui est encore la limite septentrionale de la vice-royauté de la Nouvelle-Espagne, les troupes comanches font régner la terreur. Le gouverneur Juan Bautista de Anza ne peut laisser leur chef, Cuerno Verde, narguer impunément la couronne. Forts de cent cinquante Dragones de cuera accompagnés de quatre cent cinquante miliciens espagnols, il contournera les belliqueux guerriers par le Nord et devra, pour l’occasion, se montrer aussi bon stratège que fin diplomate.

Suite et fin du diptyque de Gregorio Harriet et d’Ivan Gil dans un Ouest qui n’était pas encore lointain.

Pour celui qui ne lirait pas avec soin les bas de pages, Les dragons de la frontière pourrait être pris pour un western uchronique. Ce serait une erreur, car pendant que la France préparait sa Révolution, l’Espagne tentait d’assoir sa domination sur des terres qui n’adhèreront à l’Union qu’au début du 20ème siècle (Arizona et Nouveau Mexique !). Cette période de l’histoire du continent nord-américain semble avoir été oubliée, sauf peut-être, pour les aficionados de Zorro ! Aussi, faut-il saluer l’initiative de Gregorio Harriet qui la fait revivre en deux albums et montre que ces contrées qui ne nous semblent n’avoir existé qu’à travers la réécriture qu’en a fait Hollywood, n’étaient pas des déserts inhabités. Pour ce faire, le scénariste de Féroce s’est plongé dans les archives pour appréhender au mieux la complexité de l’époque et pouvoir réinventer l’épopée de ces cavaliers armés jusqu’aux dents, capables de recharger par la gueule leur fusil tout en chevauchant ! Mais le souci de vouloir préserver un fond de vérité, par le biais d’un récit où s’enchevêtrent personnages historiques et de fiction, ralentit singulièrement ce second volet ; phénomènes que viennent amplifier des dialogues consistants et une géographie tatillonne. Parallèlement, le dessin d’Ivan Gil se révèle extrêmement détaillé, mais finit - en raison d'une surcharge d’informations visuelles - par saturer lui aussi l’organisation des planches et, in fine, pénaliser encore la fluidité de lecture.

Précis historiquement, dense graphiquement, Les dragons de la frontière permet de révéler au plus grand nombre que l’Ouest ne s’est pas uniquement conquis depuis l’Est !

Moyenne des chroniqueurs
6.0