Largo Winch 23. La Frontière de la nuit

Étain, lithium, cobalt... Qu’il s’agisse d’envoyer un SMS ou d’aller tutoyer les étoiles, rien n’est possible sans eux. Mais, lever les yeux vers le ciel n’empêche pas de regarder sur Terre…

Hight-tech et RSE, le groupe W fait son entrée dans l’économie du XXIe siècle !

Intuition lumineuse ou simple concours de circonstance… quoi qu’il en soit, le vingt-troisième volet des aventures de Largo Winch trouve une résonance particulière dans l’actualité. Jusqu’alors l’héritier de Nero jouait avec son héritage sans vraiment s’y investir et faisait plus souvent office de chevalier blanc que de golden boy. Désormais, le voici obligé de donner une nouvelle orientation à ses actifs tout en se montrant socialement et environnementalement responsable, il va falloir procéder à des arbitrages judicieux : acheter des data-centers qui consomment autant d’énergie qu’une métropole et vendre sa flotte de vieux porte-conteneurs fonctionnant au fioul soute !

Comme à son habitude le milliardaire dilettante aime se mettre dans des situations pour le moins compliquées et Éric Giacometti ne se pas prive de l’y plonger. Ainsi Largo Winch traverse la planète de long en large à grand renfort de jets, fait ses premiers pas dans les nouvelles technologies et sacrifie en demi-teinte au politiquement correct ! Ce faisant, le patron du groupe W renoue avec le thriller, sans sacrifier à son éthique et aux facilités que lui confère son poste d’executive manager.

Graphiquement, Largo Winch prend de l’âge, mais pas une ride et Philippe Francq s’avère aussi à l’aise dans une usine de satellites que dans la jungle indonésienne ou une chambre d’hôtel. Ses planches dynamiques et d’une grande lisibilité sont d’une précision qui donne toute sa fluidité et sa crédibilité à cette histoire, et ce tant dans le registre du technologique que du glamour. Rien n’est superflu, tout est à en place avec en prime quelques clins d’œil à découvrir.

La frontière de la nuit est un album de bonne facture, dans la veine de ceux qui ont contribué au succès d’une série forte de onze millions d’exemplaires vendus par le monde et dont la lecture prête aussi bien à se divertir qu’à s’initier aux rudiments de l’économie mondialisée. À ce propos, il faut féliciter Dwight E. Cochrane qui a su multiplier la marge opérationnelle de la holding par trois au cours des six dernières années tout en maintenant des effectifs par branches stables depuis 1995. Les actionnaires apprécieront !

Moyenne des chroniqueurs
7.0