Astérix 39. Astérix et le Griffon

C ékankondine, Jolicursus, Krakatovna… ces noms ne vous disent rien ? Ce sont pourtant quelques-uns des nouveaux personnages du trente-neuvième Astérix !

Réglé comme un métronome, la machine éditoriale des éditions Albert René délivre tous les deux ans, un nouveau volet des aventures des irréductibles Gaulois, fer de lance de la BD française, arbre qui cache une forêt mal en point !

Alors que retenir de ce dernier volet, où nos valeureux ancêtres ne ménagent pas leurs montures et explorent l’Est sauvage jusqu’en pays sarmate ! Meilleur que le précédent, mais moins bon que celui qui viendra ? Dans la lignée des pères fondateurs ou pâle ersatz du zénith uderzonien ou de l’apogée goscinnienne ? À bien des égards, le parallèle peut être fait avec une bonne auberge espagnole, vous y trouverez ce que vous y cherchez ! Et pour l’occasion, le diner n’est pas dénué de saveurs…

D’aucuns vont probablement pleurer l’ironie, voire l’insolence, d’un René Goscinny toujours prêt à arroser l’arroseur… en oubliant de goûter, sans trop se poser de questions, ces jeux de mots disposés de çà et delà et dont nombre inciteraient un agelaste à sourire. Dans le même ordre, il serait loisible de disserter longuement sur la morphographie et la représentation de l'éternel féminin dans l’uderzoïque supérieur et le conradien primaire… en omettant de reconnaitre à tout dessinateur le droit à faire évoluer un tantinet les choses tout en sachant conserver les codes visuels qui font l’essence de cette série.

Avec ce cinquième opus où Didier Conrad et Jean-Yves Ferri officient, il est désormais temps de savourer pleinement l’instant présent et d’apprécier la capacité de cet album à toucher plusieurs générations simultanément, chacune l’appréhendant avec sa propre sensibilité et… sa cohorte de récriminations. Ah, ces Gaulois... jamais contents !