Ténébreuse 1. Livre premier

U n chevalier, une princesse à sauver, un dragon... Pas un élément de base des contes de fées ne manque. Ténébreuse semble ne pas chercher l'originalité et repose sur une collection d'ingrédients éprouvés. Au dessin, Vincent Mallié est tout à son avantage. Son style, qui n'est pas sans évoquer Régis Loisel (son passage sur Avant la Quête renforçant évidemment cette impression), fonctionne parfaitement dans cet environnement médiéval fantastique. Le scénario du regretté Hubert est classique mais très maîtrisé. L'ensemble se lit avec un réel plaisir, même si l'intrigue semble bien calée sur des rails.

Et pourtant, cette bande dessinée ne se limite pas à apporter une variation de plus sur un thème éculé. Une petite musique induit vite que les choses ne sont sans doute pas tout à fait ce qu'elles sont. Tout paraît familier, mais quelques grains de sable se sont glissés dans la belle mécanique des contes de fées. Le chevalier Arzhur est un être brisé qui traîne un secret tragique. Il est mandaté par trois vieilles femmes pour sauver une damoiselle en détresse. Si elles peuvent évoquer les gentilles marraines de la belle au Bois Dormant, elles se révèlent bien vite pour le moins inquiétante. Islen, loin d'être prisonnière, a choisi de vivre recluse. La liste peut continuer.

La principale inconnue concernant la suite de Ténébreuse découle malheureusement du décès prématuré de son scénariste, Hubert. A-t-il laissé un scénario plus ou moins achevé ou n'a-t-il laissé qu'un synopsis qu'un autre devra achever, tout en essayant de rester fidèle à l'esprit de ce premier tome. Si l'histoire peut donner l'impression d'être classique, elle ne manque pas de détails à première vue anodins mais qui pourraient (ou auraient pu) avoir une importance capitale pour la suite. La suite saura-t-elle conserver intactes les intentions originelles ? Il faudra attendre pour répondre à cette question. Pour l'instant, c'est avec regret que le lecteur referme ce qui sera sans doute le dernier album d'un talentueux scénariste.

Moyenne des chroniqueurs
7.8