Goldorak (Bajram/Dorison/Cossu/Sentenac) Goldorak

E n juillet 1978, débarquait sur les petits écrans hexagonaux un vaisseau spatial en provenance d’Euphor. Contre toute attente, Goldorak allait faire les beaux jours de Récré A2 et, accessoirement, combler le vide audiovisuel de ceux et celles qui aujourd’hui font le gros de la cohorte des quinquagénaires.

Contrairement à ce que d’aucuns purent penser à l’époque, ce formidable robot des temps nouveaux n'arrivait pas du fond des temps, mais constituait la dernière création en date d’une industrie nippone florissante. Mazinger Z, en 1972, (avec un certain Alcor aux commandes), puis Getter Robo, en 1974, avaient créé un genre qui servira, en Europe, de cheval de Troie aux mangas et aux Japanimes ! Ainsi, entre octobre 1975 et début 1977, Tōei Animation et Dynamic Planning produiront soixante-quatorze épisodes d’une vingtaine de minutes chacun qui connaitront, au pays du Soleil levant, un succès conséquent sans toutefois devenir un phénomène culturel tel qu’en France, terre d’adoption du chevalier solitaire.

Cinq ans auront été nécessaires pour qu’une idée folle soit pitchée en deux planches et envoyée au Japon, puis qu’au-delà d’un accord de principe de Gō Nagai, les droits soient discutés et, qu’enfin une dream team puisse être constituée et opérationnelle, car il n’est pas possible de s’attaquer seul à une telle histoire. Ils auront donc été cinq à suer, douter, s’épauler et se challenger pour que ce rêve de gamin se concrétise, à l’été 2021, sous les presses de PPO Graphic. Les défis à relever furent nombreux comme il est expliqué dans le cahier spécial accompagnant une édition grand format qui permet de totalement s’immerger dans ces cent-trente planches superbement réalisées et – pour nombre d’entre-elles - maintes fois recommencées. À la lecture de cette nouvelle aventure, il est évident qu’elle n’appartient plus à ses cocréateurs et qu’elle les dépasse même. Dorison, Bajram, Cossu, Sentenac et Guillo ont su, tout en respectant l’esprit de la série, l’inscrire dans une temporalité nouvelle. Phénicia est devenue une jolie jeune femme, Alcor un flambeur…, les différents protagonistes ont pris quelques années, ont mûri, sans cependant vraiment oublier ceux qu’ils avaient été. Là, réside la magie de cet album qui à travers la finesse et la limpidité de ses encrages qui ne doivent rien au hasard ou d’une mise en couleur qui devient un élément narratif à part entière, sait (re)donner vie et complexité à une épopée restée inachevée. En reprenant les ingrédients d’une recette déjà éprouvée, ce quintet de chefs a su transformer une savoureuse madeleine en véritable gâteau d’anniversaire !

Épilogue, d’un anime culte initié il y a plus de quatre décennies, mais pouvant parfaitement se suffire à lui-même, Goldorak devrait réussir à satisfaire les gardiens du temple, à réjouir les convertis de la première heure et à attirer à lui un nouveau public. Du grand art !

Moyenne des chroniqueurs
7.3