La petite Voleuse de la Tour Eiffel La Petite Voleuse de la Tour Eiffel

J uliette est une as du déguisement et une pickpocket redoutable. Elle travaille au pied de la tour Eiffel où, tous les jours sur le coup de midi, elle vide les poches des honnêtes gens. Comme la petite a grand cœur, elle remet le fruit de ses larcins à un orphelinat. Lorsqu’elle s’approprie une mallette à l’effigie du Grand Orient de France, elle ignore qu’elle a en main des documents susceptibles d’ébranler la Troisième République. Le détective Jules Dormoy mène l’enquête, et il est doué. Il a tout de même bien du mal à passer les menottes à la jolie délinquante.

La petite voleuse de la tour Eiffel fait suite au Canonnier de la tour Eiffel. L’époque et le ton demeurent ; seules quelques figures se retrouvent dans les deux albums. Curiosité : le deuxième tome se déroule avant le premier.

Pour ce second épisode, Jack Manini et Hervé Richez se sont inspirés de l’affaire des fiches, laquelle a causé un vif émoi en 1904. Le scénario est bien ficelé, les intrigues se révèlent nombreuses et en apparence disparates, toutefois, au terme du récit, toutes les pièces se mettent en place. La nouvelle est rythmée, remplie de rebondissements inattendus et de coïncidences un tantinet audacieuses ; peu importe, le propos se veut léger et personne n’est là pour se prendre la tête.

En fait, la bluette entre les protagonistes occulte la trame politico-policière et dévoile le passé des tourtereaux qui apparaissent du coup éminemment sympathiques. D’un côté, une mère célibataire incapable d’oublier son bébé confié, sans son consentement, aux bonnes sœurs. De l’autre, un policier orphelin recueillant les animaux retrouvés sur les quais (des chiens et des chats, mais aussi un serpent et des orangs outans). La fin s’avère prévisible et fleur bleue, elle est néanmoins cohérente avec l’esprit du projet.

Le dessin semi-réaliste de David Ratte est plaisant. L’artiste aime visiblement dessiner le Paris de la Belle Époque. Ses décors ont l’allure des cartes postales où il n’y a que les feuilles mortes qui fassent désordre. S’il faut lui faire un reproche, c’est peut être que ses personnages se ressemblent trop d’un livre à l’autre. Un peu comme s’il confiait des rôles différents aux mêmes acteurs. Cela dit, ils jouent juste.

Une gentille comédie romantique et proprette, qui décroche le sourire.

Moyenne des chroniqueurs
6.0