Genius (Salma/Hirlemann) 1. Un robot pas comme les autres

M ax a douze ans. Il vit avec son père, un bourreau de travail. Culpabilisant de trop souvent laisser son fils seul, il lui achète Genius, un robot de compagnie de dernière génération. Entre l’adolescent et l’androïde se noue une relation d’amour-haine. Contre toute attente, la créature artificielle présente des comportements humains et les agents du service à la clientèle de Pers∅nal Robotics en perdent leur latin.

Sergio Salma (Nathalie, Mademoiselle Louise) signe le scénario de cet album destiné aux préadolescents. Le texte est découpé en courts chapitres de quatre ou cinq pages témoignant de la transformation du lien unissant les personnages principaux, lequel évolue au gré des reprogrammations de l’humanoïde qui s’humanise peu à peu. En filigrane se lit une préoccupation bien actuelle, à savoir le vivre ensemble et l’acceptation de l’autre, malgré ses différences. Un segment, présenté sous la forme d’un reportage télévisé, rappelle d’ailleurs l’évolution des automates, d’abord esclaves chargés des tâches aliénantes dans les usines et les commerces. Le rapprochement avec de tristes épisodes de l’histoire du monde se révèle évident, sans pour cela alourdir le propos.

Par ailleurs, il est amusant de noter que la figure parentale est masculine. Le père célibataire n’est pas parfait, mais il aime son garçon et fait de son mieux pendant que la mère, partie à Montréal, déçoit son enfant en retardant constamment son retour.

Stéphane Hirlemann en est presque à ses débuts dans le neuvième art. Son dessin, semi-réaliste, apparaît de belle qualité et ses acteurs sont expressifs. Bien que la nouvelle se déroule dans un futur plus ou moins proche, le cœur de la vie quotidienne n’a pas vraiment changé : la télé s’écoute en famille et la chambre du gamin est bordélique. Il faut regarder du côté de l’architecture des bâtiments, de la forme des véhicules et du nom de l’école fréquentée par le protagoniste (Collège Thomas Pesquet) pour comprendre que l’action se situe vraisemblablement vers la fin du XXIe siècle.

Un joli récit, sensible sans être gnangnan.

Moyenne des chroniqueurs
6.5