I.R.$. (puis I.R.$) 22. La résurrection des condamnés

L arry Max est désormais marié à Diane et sénateur de Californie. Il est accusé d’avoir corrompu Richard Beasley, auquel il succède. Pire, l’ancien agent de l’Internal Revenue Service est soupçonné d’être à l’origine de son suicide, que nul ne parvient à expliquer. Pendant ce temps, deux anciennes maîtresses déposent plainte contre lui sur les motifs de violence et abus de pouvoir. Son épouse commence à douter. Il est attaqué de toutes parts, son univers s’effrite, il est prêt à sombrer. Par ailleurs, Kaminski, gros promoteur immobilier, est descendu par la froide et méticuleuse Bélinda. Une photographe, Midori, commanditée par un inconnu, se retrouve sur des scènes de crimes, qu’elle immortalise. Victime d’un maître-chanteur, Larry Max est sommé de démissionner. Pour se dégager des rets dans lesquels il est piégé, il va devoir interroger à nouveau son passé et pénétrer les milieux interlopes de Washington.

Le Sénateur est le onzième récit de I.R.$. Comme les dix précédents, celui-ci mobilise deux albums. La Résurrection des condamnés est la seconde partie du diptyque. Depuis 1999, date de lancement de la saga, c’est le même duo d’artistes qui est aux commandes : Stephen Desberg (Le Scorpion, Black OP, Sherman) au scénario et Bernard Wrancken (H.ELL) aux pinceaux. Adoptant un point de vue original, celui d’un agent spécial du fisc américain, I.R.$ explore les importants mouvements d’argent illégaux, les financements occultes, les grandes organisations criminelles, mais questionne également la nature de l’homme, sa soif de pouvoir, son besoin d’enrichissement et son goût du secret. Exploitant les zones sombres de l’histoire et les mythes actuels du grand banditisme, chaque investigation est narrée sur un mode dynamique, donnant une véritable épaisseur aux personnages. Au premier rang de ceux-ci se trouve Larry Max, au professionnalisme méticuleux, aux valeurs indéboulonnables, mais à la vie affective perturbée et mystérieuse.

Ce vingt-deuxième épisode ne déroge pas à la règle et propose son lot de manipulations, menaces et rebondissements. À nouveau, l’intrigue est une mécanique bien huilée, rehaussée par les doutes et l’impuissance du personnage principal. La ligne claire de Wrancken, enrichie de lavis, est toujours efficace et met parfaitement en images les ambiances, des abords d’une piscine luxueuse aux obscurs bureaux où se font les confidences et se nouent les destins. Pour une fois, le fonctionnaire imperturbable est attaqué sur un plan plus personnel, sans trahir l’esprit de la série. Un dénouement inattendu, un héros secoué, une trame haletante : tous les ingrédients d’une bonne bande dessinée.

Moyenne des chroniqueurs
7.0