Le voyage Extraordinaire 8. Tome 8 - Vingt mille lieues sous…

1927, la Grande-Bretagne est occupée par les Allemands et les Russes. Il y fait -60 degrés depuis que l’envahisseur a largué des bombes de glace. Deux enfants, Émilien et Noémie, sont détenus dans le manoir familial. Sous la garde de Sigrid, ils sont sommés de percer les secrets des technologiques obscures. Ils obtiennent l’aide d’Hector, un ami, lequel dit appartenir à la résistance. Cet opus est le deuxième de la trilogie Vingt mille lieux sous les glaces, laquelle est la troisième de la série Le voyage extraordinaire.

Denis-Pierre Filippi inscrit ce conte uchronique dans l’esprit des romans de Jules Verne. Il ne faut toutefois pas chercher plus de liens avec le célèbre écrivain, même si la couverture rappelle la maquette de la collection Hetzel. L’auteur met en place un univers riche, d’inspiration steampunk, où tout se mélange. Les personnages parlent de la Russie, mais certains objets affichent la faucille et le marteau (tels qu’ils apparaissaient sur le drapeau de l’URSS), de même que le sigle CCCP. L’axe est constitué de l’Allemagne et du Japon, mais aussi du pays de Lénine. Enfin, la technologie est passablement plus avancée que ne le sera un siècle plus tard.

Il est à noter que l’album n’a pas de titre. Cette omission, au demeurant insolite, traduit le statut de ce livre dont la narration est intrinsèquement liée à celle des tomes précédant et à venir. Il est pourtant toujours plus satisfaisant de découvrir un album qui peut se lire indépendamment des autres, même s’il s’inscrit dans une continuité. Un rappel des événements aurait minimalement permis de contextualiser les enjeux.

Généreux, Silvio Camboni s’investit dans chacun de ses dessins et tous regorgent de détails. Le découpage est inspiré, en témoigne l’abondance de vignettes en mortaise qui dynamisent la construction des planches. L’artiste connaît la qualité de son travail et n’hésite pas à offrir à son lecteur de très grandes illustrations. Un seul bémol, mais de taille, les visages des enfants détonnent. Alors que les décors se révèlent presque réalistes, les protagonistes ont des yeux et des bouches démesurés qui leur donnent un air caricatural ; la figure de la fillette est particulièrement compromise. Étrangement, les adultes ne se voient pas imposer ce mauvais traitement.

Les couleurs de Sam et de Jessica Bodart sont soignées ; peut-être sont-elles un peu trop foncées, même les scènes diurnes, à l’extérieur, alors que les paysages sont enneigés, demeurent sombres.

Un scénario simple, des gamins intrépides et un ennemi consacré, le scénariste sait tirer les ficelles d’un récit plutôt chouette, qui a tout pour plaire aux préadolescents.

Moyenne des chroniqueurs
7.0