Donjon Crépuscule 112. Pourfendeurs de démons

M arvin le rouge et Zakûtu errent et reprennent des forces au sein d'une Terra Amata récemment reconstituée (grâce à eux, aiment-ils à le souligner). Un peu de repos, ça n’a jamais fait de mal à personne. Évidemment, il y a toujours des petits détails irritants ici et là, comme ces bonshommes qui, depuis quelques jours, ne cessent de se jeter sur le lapin écarlate afin de l’attirer dans une direction bien précise. Il a beau être le sauveur du monde, l’attention des fans est parfois trop envahissante. Sans compter que ces manifestations ont tendance à se multiplier et que le sang commence fatalement à couler (la patience du héros a ses limites). N’y aurait-il pas anguille (ou pire) sous roche derrière cette agitation ?

L’histoire était finie (cf. le tome 111) et puis quelque chose s’est passé aux Antipodes. Résultat, Lewis Trondheim et Joann Sfar ont dû remettre leur ouvrage sur le métier et imaginer une suite à cette extrémité de leur saga. Plus proche d’un reboot que d’une continuation per se, Pourfendeurs de démons relance la machine. D’abord un peu laborieux, le scénario change d’allure avec l’apparition de récitatifs en mode «chronique héroïque». Ce recalage narratif met la table à une fable qui, à défaut de vraiment détonner, s’avère globalement convenable et suffisamment étayée. Sans être renversante, cette intrigue permet également d’intégrer plusieurs éléments en prévision des temps futurs et, par la même occasion, de renforcer la cohérence générale de l’entreprise Donjon.

Drôleries de circonstances, dialogues pas piqués des hannetons et quelques facilités magiques pour arrondir les angles, si le récit ne fait pas preuve de la plus grande originalité, il offre heureusement son lot de péripéties marquées de l’esprit décalé propre à la série. Obion (déjà vu aux fourneaux dans Révolutions, le tome 106) rend une copie du même acabit. Plus cartoonesque et moins flamboyant que Boulet, il se montre particulièrement à son aise pour dépeindre les moments contemplatifs et moins efficace dans les scènes d’action et les grosses bagarres. À ce propos, l’inévitable combat final manque un peu de nerf, de consistance.

Album entre deux eaux qui semble attendre son heure, Pourfendeurs de démons n’est pas la pièce la plus cruciale de la collection. Il permet cependant de compléter la fresque et d’offrir une échappatoire pour les nouvelles inventions et révélations engendrées par la deuxième vague «donjonesque» actuellement en déploiement.

Moyenne des chroniqueurs
6.0