Phobos 1. L'envol des éphémères

R achetée par Atlas Capital, la Nasa n’est plus. Pour rentabiliser son investissement, le fond de placements organise, à grands renforts de droits TV et de produits dérivés, l’expédition Genesis, premier speed dating spatial en vue de la colonisation de Mars…

Puisant dans les succès littéraires, la bande dessinée se cherche de nouveaux espaces à exploiter. Glénat semble vouloir se positionner sur le créneau de "l’adaptation officielle des romans cultes" ! À cet effet, la maison d’éditions grenobloise calibre sur-mesure un thriller en forme de huis-clos hight-tech visiblement destiné au même lectorat que celui qui a apprécié la saga romanesque de Victor Dixen. Vous avez aimé Phobos, vous aimerez Phobos !

Pour l’occasion, être un bon romancier ne fait pas de vous un bon scénariste BD, même si vous avez privilégié un découpage de votre script en jouant sur les prises de vues, comme au cinéma. En tuant dans l’œuf tout suspens, en négligeant l’importance de l’ellipse dans le 9e Art, tout en offrant une science-fiction de téléréalité à l’eau de rose et des protagonistes à la psychologie convenue, Victor Dixen concède un récit qui perd tout intérêt dès le premier tiers de l’album ! L’adaptation est un exercice difficile qui impose une certaine distanciation par rapport à l’œuvre originelle. Ce recul, Eduardo Francisco l’apporte en livrant son interprétation des aventures martiennes de Léonor grâce à un travail dynamique qui sait jouer des influences orientales comme d’outre-Atlantique, même si cela manque quelque peu de personnalité. Seule véritable surprise de ce casting international, la mise en couleur de Chiaria di Francia, fraichement auréolée d’un Bram Stoker Awards (2020).

Malgré certaines facilités (et clichés) presque coupables, L’envol des éphémères ravira probablement les fans de la série éponyme, mais laissera (pour l’instant) sur leur faim les lecteurs plus exigeants. À espérer que la dizaine de tomes envisagée permettra de redresser la trajectoire.

Moyenne des chroniqueurs
5.0