Big G 1. Tome 1

P aris-Plage, 2064. Big G, vétéran des S.C.E.U.F (Super Commandos des États-Unis de France) et ancien membre des S.S.S.E.U.F (Services Super Secrets des États-Unis de France), profite d’une retraite bien méritée. Enfin, il essaye, car , malgré les belles paroles du président (à vie) Marcel Marcelli, tout n’est pas rose dans la France d’après la seconde Révolution. Bas-fonds remplis de fâcheux, missions chelou pour rendre service et une vieille maman inquiète, il sait rester occupé et affûté. Heureusement, il peut compter sur un physique impeccable, fruit d’années d’entraînement intensif, ainsi que sur de nombreuses modifications génétiques.

C’est tout un futur qu’ont imaginé Jean-Louis et Victor Marco dans Big G ! Présentée en pages de garde, la chronologie annonce la couleur : dictature, guerre civile, apocalypse nucléaire, renouveau et lendemains qui (dé-)chantent. À première vue, ce programme promet un récit sombre entre Terminator ou Robocop. Cette impression ne dure que le temps de tourner la première page. En effet, tant le design et les couleurs très seventies que les propos totalement décalés plongent le lecteur dans une parodie hard-core de tout ce que la pop culture a pu produire en terme d’anticipation et de dystopie. Oui, pas de doute, il s’agit bien d’un titre Fluide Glacial, magazine qui a vu naître, entre autres, des héros de la trempe de Pascal Brutal, Bill Baroud et Cosmik Roger.

Forts de ce bagage idéologique et dans un esprit de respect des traditions, les auteurs osent tout et pressent les citrons jusqu’à la couenne, sans épargner aucune forme de bon goût ni les susceptibilités. Résultat, il faut bien l’avouer, même si ce n’est pas facile, ces aventures s’avèrent particulièrement jouissives. Certes, l’esthétique générale semblant tout droit sortie d’un vieux numéro «spécial manga alternatif» de Métal Hurlant pourrait rebuter les amateurs de ligne claire. Par contre, en y regardant de plus près, le travail de Jean-Louis Marco se montre particulièrement maîtrisé et efficace. Clins d’œil et références innombrables, un sens du découpage et de la mise en scène affûté et un talent certain pour la castagne et les morphologies monstrueuses, les planches claquent et grésillent d’énergie.

Album cent pour cent grosse rigolade, Big G est une lecture plaisir par excellence. Pas de message caché ou de leçon de vie, juste de la pure déconnade, suffisamment bien boulonnée pour que l’ensemble soit cohérent et tienne debout sur la longueur.

Moyenne des chroniqueurs
5.0