Filles uniques 1. Paloma

O K, Liselotte a vu plus chaleureuse comme entrée en matière. Paloma, c'est la petite qu'elle va garder chez elle pendant quelques temps. Mmhh, peu encline au dialogue, agressive, bordélique, insolente dans ses gestes, la cohabitation risque d'être compliquée… Ou pas. Avec déjà quatorze familles d'accueil au compteur, la jeune donzelle en a usé des patiences ! Mais peut-être que cette fois, c'est la bonne ? En tous cas, c'est sa seule chance avant le foyer. Une unique condition : se faire une amie, une vraie.

Apolline, Céleste, Chélonia, Sierra et Paloma forment le club des mal-barrées. «Zarbies», exclues, solitaires ou tout simplement différentes, elles forment à elles cinq la palette de la jeunesse dite «perturbée» qui se sent en décalage à la fois dans la société, dans son corps et dans sa tête. Alors que la dernière étape avant d'être adulte devrait rassembler les moments les plus funs d'une vie, bien trop souvent malheureusement, c'est une période lourde, emplie de spleen et de problèmes identitaires.

C'est cette thématique qu'a décidé d'aborder Beka (Bertrand Escaich et Caroline Roque) au travers du quotidien de lycéennes et en choisissant comme fil conducteur Chélonia (personnage central du tome final). Ce présent opus présente Paloma, la rebelle du groupe. Chaque membre a une personnalité bien définie. Les situations traitées le sont avec justesse, sans drama superflu. Les auteurs usent parfois de facilités scénaristiques néanmoins, le résultat se révèle tout de même réaliste et se lit avec plaisir, surtout que des touches d'humour rafraîchissantes parsèment les dialogues modernes. Le lecteur se surprend à encourager le quatuor dans le déploiement de stratégies pour apprivoiser la rétive. Finalement, elles se révèlent toutes très attachantes. L'intrigue est ici centrée sur la forte tête, mais quelques indices parsèment l'ouvrage, laissant entrevoir la vie personnelle et les secrets des autres filles.

Camille Méhu, dont c'est la première bande dessinée, possède un trait fin inspiré par la culture manga. Elle réussit pleinement à saisir l'émotion et instaure les ambiances par des cadrages pertinents. De grands aplats de couleurs vives et lumineuses habillent les décors et les visages, assez épurés.

Prévue en cinq épisodes, cette série se révèle vraiment captivante et renouvelle le genre par l'angle choisi, car si la déprime occupe trop souvent les pensées et le cœur des ados, ils savent aussi se soutenir.

Petite interview : [url]https://www.ladepeche.fr/2021/05/26/bande-dessinee-les-filles-uniques-de-caroline-roque-et-bertrand-escaich-9566588.php[/url].

Moyenne des chroniqueurs
7.0