Gun Crazy 2. Killing Las Vegas

L anoya O’Brian et Dolly Sanchez logent à Vegas - la ville du vice, des casinos et de la prostitution. Entre le Black Jack et les flippers de seconde zone, elles perçoivent un acompte de deux cent mille dollars pour abattre un tueur raciste. Une mission bien rémunérée, permettant de s’offrir un aller simple, destination Genève. Ah, ces banques helvétiques si elles n’existaient pas… L’archevêque de Houston a la conscience qui le travaille. Afin de faire pénitence, il embauche Superwhiteman. Ce xénophobe azimuté arbore un costume de super-héros et collectionne les victimes au teint basané. Cette fois-ci, l’objectif est d’exterminer un dénommé John St Pierre, une sorte de vigilant qui ne fait pas dans la dentelle avec les pédophiles « imaginaires ». Les voix du Seigneur sont impénétrables. Seulement, coïncidence étonnante, le serial killer d’ecclésiastiques aux inclinaisons répréhensibles a également été recruté pour zigouiller ce fameux néonazi s’habillant en collants blancs. Quant au sergent Nolti, il a pris la route du Nevada accompagné de Country Joe, l’ex-chien de Chuck Norris. Ils recherchent un véhicule et font halte dans la capitale du poker et du péché. Heureux hasards, n'est-ce pas ?

Diffusé sur la chaîne KSPS 7, Videodrone, le premier numéro de Gun Crazy était un récit choral où les personnages se croisaient très brièvement. Fortement empreint de l’influence du cinéma de genre, ce tome inaugural portait la promesse de confrontations explosives et de flingues pétaradant leurs munitions autour de somptueuses créatures. La public tv comic book propose désormais une deuxième émission spéciale consacrée à Killing Las Vegas, la suite en haute définition et avec une qualité sonore certifiée THX (Tomlinson Holman's eXperiment) ! Comme toujours dans les soirées cinoches, le plateau repas donne le ton de la nuit. Alors, prenez le temps de vous préparer un en-cas sucré-salé et posez votre arrière-train sur le canapé, histoire d’entretenir vos hémorroïdes. Bon visionnage !

Le script de Steve D réunit les meilleurs acteurs du moment dans la pire agglomération des États-Unis. Le rideau se lève sur une partie de roulette – pas russe, mais elle aurait pu. Les comédiens jouent des professionnels du crime acceptant un énième contrat. Le deal est commun : un attaché-case rempli de billets verts contre un macchabée. Éliminer un assassin, est-ce mal ? Peu importe, les truands ne s’embarrassent pas de ce type de questions ! En parallèle, la trame narrative du policier de district l’amène à s’inviter à la fête. Imaginez un peu. L’ensemble flaire bon la lecture plaisir et le règlement de comptes à O.K. Corral. Et soudain, le scénariste impose une paire d’ellipses audacieuses. Il repousse l’échéance volontairement, fait monter la tension, jouant avec les nerfs de son public jusqu’à la fusillade finale !

La photographie du long-métrage repose sur les épaules de Jef. Ce dernier garde un dessin fin, sans varier l’épaisseur de son trait. Il construit des plans lumineux et exempts de contraste. Le volume est apporté par la colorisation et par un jeu de lignes principalement pour embrasser le mouvement des vêtements (la science du pli). Le chef opérateur des prises de vues a de surcroit une certaine aisance dans la déformation des perspectives. Ainsi, il esquisse à plusieurs reprises des effets de distorsion qui soulignent son découpage cinématographique. Sous sa casquette d’accessoiriste, il offre enfin à ses rôles masculin, des traits caricaturaux et joue abusivement de leur pilosité autant que des choix capillaires atypiques – un véritable running gag !

Au final, le blockbuster fait boumboum au fur à mesure que les pages défilent. Le spectateur a un sourire complice et pourtant, à la fin de la séance, sa mémoire lui fait défaut. Il attendra une nouvelle retransmission pour se souvenir du feu des séquences. Et rebelote. Bref, Killing Las Vegas, c’est le divertissement protéiné, gros bras et petit cerveau par excellence !

PS : merci à la speakerine Fabienne R-égal-e, dont la belle élocution a été remarquée. Et félicitations pour la coiffure texturée et coiffée vers la nuque, façon Lady Diana. Très tendance !

Moyenne des chroniqueurs
7.0