Nos corps alchimiques

D epuis plus de neuf ans, Sarah, Aniss et Camille ne se sont pas vus. C'est à son initiative que le trio se reforme, tant bien que mal. À l'écart dans une maison isolée à la campagne, les ex-amis ont chacun leurs raisons d'avoir accepter l'invitation. Sarah n'a jamais pu oublier les liens qui les unissait, Aniss en veut viscéralement à Camille tandis que cette dernière a continué ses recherches et ses explorations, et a besoin de ses deux compagnons pour aller au bout de sa démarche.

Thomas Gilbert est un explorateur. Encouragé par le succès de sa précédente création, Les Filles de Salem, l'artiste propose un nouvel album dans lequel il tient à la fois les pinceaux et le stylo. Cette fois, pas de fait historique à décortiquer mais une plongée dans l'âme humaine et ses tourments. Pour cela, la quête de Camille lui sert de fil rouge. Malgré ses plus de deux cents planches, il faut bien admettre que cette intrigue reste ténue et ne décolle jamais vraiment tant le propos reste... hermétique, pour ne pas dire abscons.

Si graphiquement, la prestation fournie démontre un talent certain avec des planches qui explosent grâce à un dessin organique - qui n'est pas sans rappeler quelques envolées dignes du Aâma de Frédérik Peeters - la trame reste confuse. La faute à l'explication du projet de son personnage central, qui devrait être un climax de la trame et s'avère retomber comme un soufflé. D'abord flou, le propos s'enfonce dans des réflexions philosophiques qui manquent de clarté et d'intérêt pour convaincre. Les protagonistes sont pourtant bien caractérisés, mais les informations les concernant arrivent un peu tard pour comprendre leurs choix, rendre leur motivation crédible et y adhérer. Au final, ce qui débute en éveillant la curiosité s'étire sans savoir où cette lecture emmène.

Nos corps alchimiques est un titre ambitieux qui ne plaira pas à tout le monde. Malgré des qualités de mise scène évidentes et quantité de bonnes idées visuelles, il manque l'essentiel : une histoire aux enjeux clairs qui accroche du début à la fin.

Moyenne des chroniqueurs
5.0