Weimar - Les enquêtes de Jan Karta - puis Jan Karta la fin du monde Berlin 1925-1933

P ubliées pendant la deuxième moitié des années 1980 par Dargaud, Les enquêtes de Jan Karta sont de retour. À l’initiative de Fordis, les quatre tomes initiaux sont réédités à raison de deux albums par livre. Une histoire inédite est annoncée. La première fournée reprend Weimar et Der Sturm, tous deux se déroulent à Berlin.

D’emblée, le lecteur note un important travail de décolorisation réalisé par Spartaco Ripa. Les rouges et les jaunes sont congédiés et font place au beige et au gris. Ces teintes, moins criardes, transforment complètement l’allure des récits qui deviennent dès lors beaucoup plus sombres. Les noirs étant parfaitement opaques, les illustrations gagnent en profondeur de champ. Quelques cases (et même une planche complète) ont été modifiées ou carrément remplacées. Une partie des dialogues fait l’objet d’ajustements mineurs et la police de caractère a été changée. Le tout est complété d’une préface présentant le héros, mais surtout d’une postface situant l’action dans l’Allemagne de la République de Weimar. Bref, l’éditeur ne se contente pas de reproduire les bandes dessinées parues il y a trente-cinq ans.

L’essentiel demeure tout de même ; Roberto Dal Pra’ raconte les aventures d’un détective privé, cultivé et intello. Le limier résout des énigmes avec en toile de fond la rancœur d’un peuple qui digère mal les dures conditions de l’armistice imposées quelques années auparavant. Ces investigations sont bien menées, une première porte sur l’assassinat d’un industriel trop peu enclin à collaborer à l’effort d’armement. La seconde sur le meurtre d’un journaliste qui en sait trop sur les agissements d’un proche d’Hermann Göring. Au-delà de la trame policière, c’est le portrait d’une époque que le scénariste présente, et il le fait avec beaucoup de finesse.

Rodolfo Torti propose un dessin semi-réaliste, avec par moment des accents expressionnistes. Les visages jeunes sont beaux, voire exagérément lisses, alors que les vieux tendent à être excessivement flétris. Les décors de la capitale allemande se montrent pour leur part convaincants. Il y a peu à dire sur le découpage en trois bandes somme toutes assez classique.

Une agréable plongée dans l’entre-deux-guerres.

Moyenne des chroniqueurs
7.0