Karolus Magnus - L'Empereur des barbares 1. L'Otage vascon

A n de grâce 777. L'appétence de Karolus Magnus pour la guerre n'est plus un secret pour ses sujets. Le roi des Francs et des Lombards, qui lorgne sur le trône d'empereur de l'Occident, se plaît à agrandir constamment son royaume par des séries de campagnes militaires. Quand une proposition d'alliance lui est formulée par un émissaire du calife bagdadien pour l'aider à soumettre l'émir de Cordoue à son autorité, l'occasion est inespérée de pouvoir à nouveau affuter les lames des haches et des épées. Ce devrait être pure formalité.

Située entre les deux versants des Pyrénées et prise en étau entre les cités du nord de l'Espagne alors aux mains des Sarrasins, et les terres de la dynastie carolingienne avec à sa tête le jeune Karolus, fils de Pépin le Bref et petit-fils de Charles Martel, figure la Vasconie, une contrée alors annexée à la monarchie franque. C'est à travers une poche d'insoumis que ce duché attend son heure pour se soulever contre les exactions commises. Le Basque Artza d'Ossau, retenu dans les geôles de Paderborn, la capitale de l'empire des Francs, va servir de laisser passer aux troupes pour atteindre sans embûche leur destination. Car oui, n'en doutons pas, ce sera une pure formalité.

« Retournez vite dire à votre roi que le peuple des montagnes ne veut pas de lui ! » Irrubé de la Soule

C'était le temps où la politique, le salut et la légitimité de la plupart des souverains passaient inévitablement par les conquêtes de territoires, une époque barbare et violente où les têtes tombaient avant d'avoir pu manifester le moindre mécontentement. Jean-Claude Bartoll (L'Agence, Insiders Génésis, ou encore Le Choix du Roi) inscrit son récit à partir d'une base de faits réels au sein d'une période particulièrement instable de l'histoire européenne médiévale. Le travail de recherche et de documentation apparaît rigoureux et sera apprécié à sa juste valeur, remarquablement porté par le dessin réaliste d'Eon (Les Filles de Soleil). Auteur également d'une très belle colorisation, les toiles de fond bien détaillées enchantent les cases. Si le fil conducteur reste fictif c'est grâce, principalement, à l'incorporation et la narration d'actes de révolte et de résistance qui viendront faciliter une immersion parfois délicate tant les enjeux diplomatiques, les stratégies et alliances improbables de même que les situations géographiques étaient complexes.

L'Otage Vascon parvient à trouver le bon équilibre entre une présentation instructive et des premiers passages à l'action divertissants.

Moyenne des chroniqueurs
6.0