La divine comédie d'Oscar Wilde

E n 1897, au terme d’une peine de deux ans de prison pour pédérastie, Oscar Wilde s’expatrie à Paris où il se présente sous le nom de Sébastien Melmoth. L’écrivain est fauché, il peut heureusement s’appuyer sur une poignée de bons amis, lesquels l’aident à garder la tête hors de l’eau. Il est toutefois brisé, la flamme s’est éteinte ; alcoolique, il est prisonnier d’une spirale autodestructrice le conduisant tout droit aux enfers. Une conclusion cohérente pour celui qui a toujours fait des parallèles entre son cheminement et La divine comédie de Dante Alighieri.

S’attardant à ses dernières années, Javier de Isusi raconte un être déchu qui voit son existence comme une œuvre. Celui-ci n’écrit plus, peu importe, car c’est de sa personnalité flamboyante, de son carnet mondain et de ses excentricités dont il se montre le plus fier. L’Espagnol le décrit crûment, sans concession. Il le regarde sombrer, froidement, cliniquement. Tel un journaliste, il convoque certaines de ses connaissances pour des entretiens imaginaires. Cette plongée dans le crépuscule de la vie du romancier se révèle fascinante ; peut-être est-elle un peu longue, cela dit, elle n’apparaît jamais ennuyante. Le livre se lit d’ailleurs assez vite, malgré ses trois cent soixante-seize pages.

En feuilletant ce bouquin, le bédéphile note d’emblée le magnifique travail au lavis sépia. Les teintes donnent au projet un côté vieillot, presque sobre, en rupture avec le héros qui ne l’est surtout pas. Le dessin est sommaire, l’artiste s’en tient à l’essentiel, aux personnages, avec parfois un bout de rue, une table ou l’intérieur d’un restaurant. Et c’est suffisant. Après tout, au théâtre, la performance des acteurs compte bien plus que les décors en carton-pâte.

Le portrait d’un homme devenu sa propre caricature.

Moyenne des chroniqueurs
7.0