Gagner la guerre 3. La Mère patrie

R acheté à Ressine contre rançon, Benvenuto Gesufal débarque à Ciuadalia qui ne manque pas de le célébrer en guerrier héroïque. Mais de louange, le reître n’a que faire. Il a la gueule cassée, le corps plus qu’abimé et il lui faut bien trop tôt à son goût essuyer les moqueries de Clarissima, la fille de son employeur, et celle du fat Dilettino, rejeton des Schernittore, l’allié de toujours. Forcé au repos, le bretteur ronge son frein et enrage. Un rien suffirait à le faire exploser au risque de compromettre les plans tortueux de don Ducatore. S’il veut survivre aux remous qui approchent, Benvenuto devra savoir plus que jamais danser au bout du fil qui le retient.

Troisième volet de l’adaptation en bande dessinée de Gagner la guerre, Ma mère patrie possède les mêmes qualités que les opus précédents. Frédéric Genêt suit au plus près la brillante intrigue imaginée par Jean-Philippe Jaworski. Le retour du principal protagoniste dans sa cité est l’occasion d’observer les manigances qui s’y trament et de mesurer la complexité des intérêts et des relations entre les différents camps. Sur ce terrain propice aux nombreuses possibilités, l’action et les rebondissements ne manquent pas. Au contraire, ils s’enchaînent, menant un Gesufal circonspect toujours plus près du précipice. L’état d’esprit du séide est également largement mis en lumière et il n’est pas difficile de se sentir aussi exaspéré que lui par les piques reçues de part et d’autre. Par le truchement de l’horripilante Clarissima, le propos s’attarde également un peu sur la jeunesse de l’épéiste, ce qui permet de mieux appréhender certains de ses choix et de ses aptitudes.

Portant le récit, le graphisme se révèle globalement de bonne facture et offre des plans variés, ainsi qu'un découpage lisible. Alors qu'une scène de bagarre dans une rue étroite sous la pluie rend plutôt bien, les autres décors - vues de la ville ou intérieurs palatiaux - restent malheureusement un peu chiches. Enfin, si chaque personnage s'avère bien caractérisé et est facilement reconnaissable, il est dommage que les expressions et mimiques paraissent parfois forcés et enlèvent de ce fait un peu de crédibilité.

Reposant sur un récit bien ficelé et riche en surprises, ce tome trois constitue une lecture plaisante qui tient en haleine de bout en bout.

Lire la chronique du tome 2.

Moyenne des chroniqueurs
6.3