Teleportation Inc. 1. Perdus en translation

I ls sont cinq clients à ne pas avoir respecté le contrat ! C'est largement suffisant pour alerter et inquiéter le directeur de recherche et de rapatriement de téléportation galactique. Devenus hors-la-loi, ces passagers qui ont choisi d'être envoyés vers Livel, une planète lointaine, ne se sont pas présentés en date et heure de l'embarquement pour effectuer le trajet inverse. « Retrouvez-les et surtout, ramenez-les. » Tels sont les ordres donnés à Lubia Thorel la plus compétente et la plus intraitable des agents chargés des retours forcés. La chasse est dorénavant ouverte !

Fermez les yeux et imaginez un monde futuriste dans lequel vous pourriez vous déplacer instantanément et en une fraction de seconde vers la destination de votre choix. C'est désormais possible grâce à Dominique Latil, qui, pour les besoins de son nouvel opus, fonde la Teleportation inc. ! Partir, c'est bien. Mais il faudra revenir dans le délai imparti. C'est là l'unique condition imposée par cette entreprise née de l'inspiration de l'auteur des séries Interface et Guerriers. Sinon, soyez-en sûr, ça risque de barder pour votre matricule.

Sous la plume de l'écrivain, le rêve se transforme en réalité. Une idée singulière, pour une fois non issue d'un superpouvoir humain, qui propose la dématérialisation de l'homme à des fins commerciales et touristiques, et ce, uniquement par l'intermédiaire d'une invention technologique révolutionnaire. À ce récit excitant est adossée une législation stricte pour encadrer son utilisation, les notions de pouvoir, d'argent, et inévitablement, la tentation de braver l'interdit. Viennent également s'ajouter des enjeux politiques ainsi que toutes les dérives liées à une société. Un programme haletant à en juger par les ingrédients qui seront seulement entraperçus. Car, et rapidement, la sensation d'un manque de développement et une carence en détails, qui auraient pourtant apporté davantage de caractère et de crédit à l'ouvrage, se font sentir. Un grief de taille mais qui n'abime pas l'intérêt du lecteur, dont l'attention est principalement dirigée sur la traque des fugitifs.

Premiers pas sur des planches de bandes dessinées mais loin d'être un novice en la matière, Romain Sordet a fait ses preuves et prouvé toute l'étendue de son talent à travers la mise en scène de quelques épisodes d'Arthur et les Minimoys, Super4 ou encore Zak Storm. Habitué à travailler pour les jeux vidéo et les studios d'animation, son trait renvoie logiquement un mouvement presque perpétuel. Le réalisme chevauche la caricature, l'abstrait côtoie le concret jusque dans les décors riches en trouvailles. Un auteur talentueux dont il faudra suivre le parcours de près !

Malgré un survol général de l'univers dépeint, Perdus en translation parvient à transporter et procurer une dose convenable d'adrénaline.

Moyenne des chroniqueurs
5.5