Acacia 22

S usana débarque à Mexico. La jeune femme a quitté sa province pour voler de ses propres ailes. Elle a décroché un job de graphiste dans une boîte de comm', une chambre dans une colocation... Elle est prête à réaliser ses rêves, mais doit vite déchanter. Sa boss est infecte et son travail la frustre. Elle a mal à nouer des contacts et souffre de la solitude. Elle commence à douter de ses choix. Rien de ce qu'elle traverse n'est foncièrement original. Combien avant elle ont été confrontés à ses moments où la confiance vous lâche ?

Il ne faut pas chercher bien loin. Cinquante plus tôt, une autre Susana arrivait elle aussi à Mexico, pour rejoindre son frère dans le même appartement. Elle avait trouvé un poste de dactylo qu'elle espérait provisoire, avant qu'elle ne devienne écrivain. Est-elle parvenue à atteindre son but ? Son expérience pourrait-elle servir à son alter ego contemporain ?

Entre similitudes et différences, le lecteur suit ces deux destins en parallèle, la narration jouant subtilement entre leurs convergences et leurs divergences. La séquence introductive est de ce point de vue très réussie. Au-delà de l'exercice de style, L'auteur brosse un joli portrait croisé. Avec subtilité et délicatesse, il raconte la difficulté d'affronter la réalité et apprendre quelles concessions il faut faire ou ne pas faire.

Edgar Camacho est considéré comme l'un des nouveaux talents de la scène mexicaine. Son premier livre, Piel de Cebolla, a remporté le Premio Nacional de Novela Gráfica Joven en 2016 et sera édité cette année par Top Shelf aux USA (en attendant une traduction française). Acacia 22 est son deuxième livre, qui paraît en primeur absolue chez Ça et Là.

Acacia 22 séduit par un graphisme aussi agréable qu'expressif ainsi que par une construction narrative très fluide. Une vraie chaleur se dégage de ses pages. Ses héroïnes possèdent ce supplément d'âme qui en fait plus que de simples véhicules pour plaquer une morale gentillette. Ça et Là a peut-être trouvé un auteur à suivre. En tout cas, cette bande dessinée est une vraie bonne surprise.

Moyenne des chroniqueurs
6.5