No War 5. Tomes 5 et 6

C omme pour le reste de la société, le calendrier éditorial est plus que bouleversé par la pandémie de COVID. Sorties repoussées, festivals annulés, empilement des nouveautés chez des libraires ne sachant plus à quel règlement se fier afin d’accueillir leurs clients dans de bonnes conditions, la situation est embrouillée. Le tome cinq était prévu courant 2020 et le sixième en 2021, le premier n’étant pas sorti, c’est un volume double qui est finalement proposé en guise de conclusion à No War, l’impressionnant roman dessiné politico-fantastique d’Anthony Pastor.

Embrouillées, les circonstances ne le sont pas moins au Vukland. Même si l’intrigue multi-niveau commence enfin à se dénouer, les nombreux enjeux imaginés par le scénariste se montrent passablement entremêlés, voire peu discernables par moments. Lutte pour le pouvoir, pour les ressources naturelles, d’influence géopolitique ou simplement pour la liberté, les différents combats s’opposent, se croisent, s’associent et finissent par se confondre sur fond de paysages nordiques décharnés. Pastor n’a pas cherché la facilité. Heureusement, malgré l’ampleur de cette néo-saga, son traitement dramatique s’avère exemplaire.

Le récit est âpre, les personnages fiers et solidement attachés à leurs convictions. Ils sont également profondément humains et comprennent parfaitement les limites et les sacrifices exigés par leurs engagements. Résultat, derrière les fracas et une violence parfois soutenue, une réelle psychologie, autant de groupe qu’individuelle, se détaille et évolue au fil des épreuves encourues. Le large éventail de la distribution est aussi à relever, l’auteur « balaye » toutes les classes d’âge et finit par dresser un portrait général et poussé de toute une population.

À l’image des illustrations au style franc et ferme, pour ne pas dire taillé à la hache, No War n’est pas une série qui coule de source. Non, elle est de ce celle qui demande un certain effort de la part du lecteur. Par contre, une fois passé cet écueil, il est impossible de ne pas être contaminé par l’énergie désespérée de Run, Jo, Brook, Lintu, Kas et de tous les autres acteurs de ce thriller sis à la frontière des genres. Ambitieux dès le départ, No War ne déçoit pas au final.

Moyenne des chroniqueurs
6.5