Ennemis 1. Noir

V irginie, printemps 1962. La Guerre de Sécession déchire le pays. Les troupes nordistes de McCLellan font face à l’armée du général Lee. Une des compagnies de ce dernier, menée par Jeb Stuart, fait un important travail de sape dans les lignes arrière. Le colonel Cooke décide d’envoyer le lieutenant Kane arrêter le saboteur. Il sera accompagné de cinq bras cassés : le séducteur Livingston, le colosse Noto, l’instable Kaverin, Reilly, l’homme aux couteaux, et le jeune orphelin Joshua Watkins. Dans le campement, il se dit qu’il y aurait un traître parmi eux ; les paris vont bon train sur l’identité de celui-ci.

Kid Toussaint (40 éléphants, À l’ombre du convoi) veut rendre hommage à la guerre civile américaine et à la série qui fait référence sur ce conflit, Les Tuniques bleues. Dans les mois qui suivent la fameuse bataille de Bull Run à Manassas, l’Union et la Confédération sont au point mort. Pendant que les troupes sont inactives, c’est l’occasion de mettre sur pied une équipe exotique, à la manière des Sept mercenaires ou de Justice League, et de l’envoyer vers des aventures où se côtoient le loufoque et le sanguinolent. Caractères tordus, initiatives étranges, pommes de terre explosives et quiproquos ponctuent le premier volet de ce diptyque, dont le second est prévu pour le mois de mai.

Inutile d'y aller par quatre chemins, la sauce ne prend pas. Des scènes sont inutilement longues, des cases sont superflues, les traits d’humour ne font pas rire et l’ennui gagne rapidement. Si l’idée initiale portait un véritable potentiel, celui-ci n’est pas exploité et l’album est insipide. Le récit est parfois incohérent et la cible indéfinie : que vient faire cette scène de viol dans un récit qui se développe sur le registre de l’humour plutôt bon enfant ? Le dessin du jeune Tristan Josse (Le Gecko) ne rattrape rien : si les visages sont réussis, l’absence de relief et de détails sur les accessoires, les objets, les animaux ou les décors est préjudiciable. De son côté, la colorisation confiée à Véra Daviet est plate, fade et sans nuance. Il ne se dégage ni ambiance, ni étincelle. Rien ne retient le regard.

L’intention était bonne mais trop de maladresses narratives et graphiques empêchent de sauver l’album, dont l’intrigue, tirée par les cheveux, ne captive pas. Lambil et Cauvin, sans oublier Salvérius, n’ont pas de souci à se faire ; leur règne, même s’il a perdu un peu de son éclat, n’est pas près de s’achever.

Moyenne des chroniqueurs
4.8