Le clan des Otori 1. Le Silence du rossignol 1

I ida Sadamu, le seigneur du clan Tohan, éprouve une haine sans limite à l’encontre de la communauté chrétienne du Japon. Il brutalise le peuple des invisibles et sème la mort au sein de leurs villages. Le jeune Tomasu a survécu à un de ces massacres grâce à l’intervention providentielle d’Otari Shigeru du clan Otori de Hagi. Seul, la main ferme et le Katana aiguisé, le maître a ôté la vie de deux hommes et a sectionné le bras d’un troisième. Puis, il décide d’adopter le rescapé, le nommant Takéo en hommage à son frère disparu. Quant à Shirakawa Kaede, elle est l’otage de Noguchi Masayoshi depuis ses sept ans – un gage de paix entre familles rivales. Elle occupe la terrible fonction de souillon. Tout le monde dispose du droit de l’insulter et de la gifler. Seulement, ce soir-là, la pluie a mouillé ses vêtements. Le drapé s’efface et sa robe se colle à sa peau, épousant ses formes et réveillant le désir des gardes. Il est temps de la marier !

Concomitamment à la parution de Les Guerriers orphelins, premier tome du cycle de Les enfants des Otori chez Gallimard Jeunesse, le département bande dessiné propose l’adaptation littéraire de la saga originale de Lian Hearn. Aux manettes, Stéphane Melchior écrit sa version du roman, Le Silence du Rossignol. Le scénariste est rompu à l’exercice, en témoignent Gatsby le magnifique ou Les Royaumes du Nord. Fort de cette expérience, il raconte avec clarté les luttes d’egos antédiluviennes et les enjeux d’honneur qui opposent les différentes hordes. L’œuvre garde toute sa complexité et toute sa saveur. Le destin croisé de Takeo et de Kaede est semé d’embûches, de tractations et d’assassinats. Au début de l’histoire, les héros évoluent dans des conditions sociales peu envieuses. Ils vont s’extraire de leurs castes et s’introduire progressivement dans un milieu où les jeux de pouvoirs sont perpétuels. Au fur et à mesure, le récit développe sa dimension fantastique. Un ingrédient inattendu qui pique la curiosité du lecteur !

Benjamin Bachelier (Taïpi, un paradis cannibale, Ulysse Wincoop) retranscrit magnifiquement la période féodale de l’empire du Soleil levant. Inspiré du travail de Katsushika Hokusai, l’artiste peint avec précision les paysages, les costumes et les armures de samouraïs. Au pinceau, la ligne oscille de l’épure au délié charbonneux. Par séquences, son tempérament impressionniste s’exprime, offrant des vignettes de batailles davantage portées par l’énergie du dessin. L’illustrateur assure également la mise en couleurs. Il a opté pour la sobriété. Les teintes sont peu nuancées renforçant la sensation de légèreté des pages et de fragilité de certains personnages.

Plongez sans restriction au cœur des intrigues de cour nippones à la seconde moitié du XVIe siècle, Le Silence du Rossignol, c’est un dépaysement assuré !

Moyenne des chroniqueurs
7.3