Gianna

E n 1977, Bologne est le cœur de la contestation estudiantine dans une Italie plongée dans ses années de plomb. Gianna est étudiante le jour, serveuse le soir. À la faculté, elle milite pour la liberté, pour le droit de disposer d’elle-même en dehors des dictats d’une société profondément conservatrice.

Arianna Melone fait ses premières armes de ce côté-ci des Alpes avec un récit d’une belle maitrise dramatique, inspiré de la chanson éponyme de Rino Gaetano et édité chez Albin Michel.

Un trait à peine esquissé, une couleur évocatrice faite de crayons et d’aquarelle, un dessin qui plonge dans l’expressivité et se refuse à la netteté qu’impose le réalisme. Tout est dans la perception des choses, l’important est ce qui se devine. Rapidement, il est évident que Gianna n’est pas comme les autres, mais en quoi est-elle différente ? Elle est brillante et indépendante, certes, elle porte haut et fort les luttes et les questions de sa génération, mais surtout ses mains se veulent libres de prodiguer les caresses qu’elles entendent... et ne le font-elles pas déjà trop ?

Arianna Melone dépeint avec brio une pasionaria qui a le sentiment de ne pas être à sa place, d’être la prisonnière de ses douleurs comme de ses passions qu’elle exorcise dans le combat politique et des étreintes sans suite. Pour cela, elle utilise la couleur comme un exécutoire aux sentiments contradictoires qui animent son héroïne et la conduit vers un dénouement implacable, superbe de progressivité. Gianna devient alors une martyre, prise au piège tissé par l’incompréhension et la bien-pensance de l’époque.

Gianna est une histoire attachante, joliment mise en forme et toute empreinte d’une belle émotion envers une jeune femme (trop) libre… trop tôt !

Moyenne des chroniqueurs
7.0