La ballade de Ran 1. Tome 1

U n luth résonne de ses notes cristallines et la voix de True pare la mélodie de mots qui enchantent… Mais, où est passé le public ? Forcément lassé d'entendre toujours la même rengaine, les habitants retournent vaquer à leurs occupations. Tous ? Non, un mystérieux homme à capuche est resté. C'est ainsi que la petite ménestrelle a rencontré Ran, un exterminateur de karmas, des créatures dévastant tout sur leur passage. Lorsqu’il les tue, il absorbe leur souillure et des stigmates apparaissent sur son corps. La jeune fille, qui d'habitude n'arrive pas à composer, trouve là une source d'inspiration idéale. Elle décide ainsi de suivre le combattant afin de composer une ode digne de ses aventures.

Yûsuke Ôsawa a réuni la majeure partie des éléments classiques de la dark fantasy et en a fait un excellent mélange. Comment ? Avec des personnages bien construits, du suspense, des péripéties et des combats bien dosés et un poil de mystère autour du héros. L'humour potache (inévitables fortes poitrines, expressions déformées) enlève un peu de sérieux à ce scénario et pourra gêner certains puristes du noir profond à la Berserk. Néanmoins, l'auteur assume pleinement ce côté léger. Alors oui, l'intrigue a un goût de déjà-vu, et donc, à plus forte raison, le talent du mangaka est à saluer. La présentation de nouveaux personnages est progressive, laissant le temps de se familiariser avec ceux en place. Dans les dernières pages, un duo d'ennemis de taille annonce du chamboulement pour la suite ! Si le fil rouge se résume à des missions d'extermination de monstres, à chaque chapitre s'ajoute un élément original qui densifie et enrichit la trame en construction et la connaissance de ce monde relativement intéressant.

Un réelle progression graphique par rapport à la première série, Green Worldz, est à souligner. Ici, le dessin se révèle impeccable, à mettre au même niveau que Ad astra ou Vinland saga par exemple, dans la finesse, la précision du trait et surtout, primordial pour un manga d'action, une lisibilité des scènes de combat impressionnante. Loin d'être du remplissage, elles se lisent avec attention, quel plaisir ! La gestion des traits de mouvement, le contraste des gris et les postures est parfaite. Le lecteur appréciera enfin le design soigné des créatures et des armes, ainsi que des décors détaillés pour des arrière-plans immersifs.

En deux tomes, cette Ballade de Ran suscitera un grand plaisir de lecture pour les fans du genre, sachez seulement qu'un côté comique classe ce diptyque dans un registre divertissement davantage que dans celui du frisson.

Moyenne des chroniqueurs
7.0