Lancelot (Gauthier/Labourot) 1. La Pierre de mémoire

L ancelot n'arrive pas à se débarrasser de ses cauchemars. Depuis ses mésaventures avec Aliénor, chez le roi des Korrigans, il est en proie à de terribles visions. Elles déclenchent interrogations et angoisses qui hantent ses nuits et l’obsèdent le jour. Ni la jeune fille, ni la fée Morgane ou le druide Merlin ne peuvent rien pour l'aider. Même Viviane, qui l'a recueilli et l'élève, ne veut lui pas expliquer ce qu'il lui arrive. Pourtant, elle semble en savoir beaucoup. Pour se sortir de cette situation, il décide de se tourner vers son amie pour qu'ensemble, ils trouvent des réponses à ses questions...

Personnage attachant de la série Aliénor Mandragore de Séverine Gauthier et Thomas Labourot, Lancelot n'avait pas livré tous ses secrets et c'est tout naturellement que les créateurs lui offrent un album complet. Ces cinquante-six planches sont l'occasion de retrouver les protagonistes qui ont dû affronter mille dangers pour aider la fille de Merlin. Que les fans se rassurent, toutes les qualités des cinq opus sortis entre 2015 et 2019 sont présentes : une quête pleine de rebondissements, une bonne dose d'humour, de l'émotion dans un univers merveilleux où se mêlent allégrement magie et légendes. C'est d'ailleurs dans l'une d'entre elles que la scénariste puise une partie de son inspiration. Comme elle l'avait fait pour la jeune Aliénor, Séverine Gauthier part de ce qui constitue le canon des romans de la Table Ronde pour développer sa version de l'origine du futur chevalier.

Tous ces éléments sont parfaitement intégrés à l'intrigue développée précédemment. Mais les auteurs ont également pris soin de rester accessible aux lectrices et lecteurs qui aborderaient leur production avec cet opus. L'histoire se suit facilement grâce à un schéma classique - exposition, évènement déclencheur, péripéties et dénouement - parfaitement maitrisé. Le travail du dessinateur participe pleinement à cette fluidité. Quant à sa science du découpage, plus à démontrer, elle permet à l'artiste des Fées Valentines de jouer sur le rythme comme la tension, avec à propos. Si les choix de teintes de certaines séquences semblent un peu ternes, sa colorisation accompagne très bien les changements d'ambiance dont l'intérêt se dévoile au fur et à mesure des révélations. De même, le dynamisme de son dessin souligne une aventure plus axée sur les combats, autant externes qu'internes, que le héros livre pour découvrir la vérité.

La Pierre de mémoire vient enrichir une série déjà généreuse et apporter des réponses sur le passé d'un personnage central. Une manière de se replonger dans une épopée plaisante qui sert de porte d'entrée idéale aux récits arthuriens.

Moyenne des chroniqueurs
6.0