Amen 1. Ishoa ou la précession des équinoxes

P our qui a un certain âge, Amen possède un petit goût de madeleine, de celles qui se dégustaient en lisant quelques périodiques des années quatre-vingt à la gloire du 9ème Art.

Auteur au dessin polymorphe, Georges Bess délaisse le trait fin et délicat de Dracula pour adopter un graphisme plus caricatural dans une libre interprétation d’Au cœur des ténèbres.

"Tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens…", à deux milles années de ce siècle, l’Inquisition est l’instrument divin de la Coalition et apporte – à grand coup d’armes à plasma - le salut aux habitants des planètes conquises. Les temps changent, mais les habitudes restent ! Avec fatalisme, Georges Bess semble penser que, quoi qu’elle fasse où qu’elle aille, l’Humanité trimbalera avec elle sa folie et son besoin de croire à tout, sauf en elle. Sur un registre graphique haut en couleurs dans tous les sens du terme, Amen décline, non sans un humour grinçant, une galerie de personnages engoncés dans leur suffisance et des plus limités intellectuellement parlant. Personne ne trouve grâce aux yeux du dessinateur du Lama blanc si ce ne sont les autochtones d’Arcadia. Luttes fratricides, bêtise humaine, exploitation forcenée des ressources, dictatures religieuses… le Futur demeure un éternel recommencement, jusque dans cette immuable envie d’espérer en des jours meilleurs…

Avec Amen, space-opera parodique, Georges Bess brosse, avec une visible jubilation et non sans quelques longueurs, un portrait à charge de notre société. Aguirre versus Jean-Jacques Rousseau, la confrontation est datée, mais pas inintéressante...

Moyenne des chroniqueurs
5.5