Dope Rider

N é dans les années soixante-dix des volutes psychédéliques de la contre-culture, Dope Rider a ensuite disparu quand le shériff Ronald Reagan est arrivé en ville. Après un long sommeil, il est sorti de sa transe dimensionnelle début 2015 et a réintégré les pages de High Times, le mensuel référence sur tout ce qui contient du THC. En définitive, c’est bien Bob qui avait raison : « The times, they are a-changing... »

Véritable machine à faire remonter le temps, Dope Rider propose une plongée au sein d’une époque révolue où les frontières de la réalité étaient plus fluctuantes qu’aujourd’hui. Frénésie visuelle multicolore sous influence, ces histoires en une page permettent à Paul Kirchner de mettre de l’avant sa passion pour le surréalisme et l’exploration graphique du subconscient. Salvador Dali croise M. C. Escher dans un univers biberonné à la pop culture et aux mythes américains (Hollywood sera toujours Hollywood). Ah oui, parfois, il y a même une chute ou un gag à la fin de la planche.

Pour le lecteur, avant de s’embarquer, il s'agira d'ouvrir ses chakras et, tel Carlos Castaneda prenant la main du Mandalorian, accepter de se faire montrer la voie. Complètement déjantée, la narration est construite autour d’associations d’idées souvent totalement incongrues et mises en image de la même manière. Néanmoins, il faut se méfier de ses premières impressions. En effet, l’espiègle scénariste garde les pieds sur terre (façon de parler) et évite le prêchi-prêcha initiatique vers un nouvel âge réminiscent. Pas de message caché ou de fumeux conseils de vie, seulement de l'humour pur et simple sous la forme de vertigineux délires aussi sympathiques qu’innocents.

Kitch, rétro, drôle et imaginatif en diable, malgré ses allures new age, Dope Rider a finalement plus à voir avec un stoner film gratiné et entièrement assumé.

Moyenne des chroniqueurs
6.0