Monsieur Vadim 1. Arthrose, crime & crustacés

L a Côte d’Azur, son climat et la Méditerranée… Tout ce qu’il fallait à Vadim pour une retraite tranquille et sans histoire. Pas de chance, c’est aussi la région des malandrins et des Mafias en tout genre. Escroqué de ses économies, cet ancien de la Légion va devoir reprendre du service afin de retrouver son argent, sa dignité et, peut-être, son petit-fils.

Thriller méridional calibré grand-public, Monsieur Vadim rappelle agréablement une série télévision ou une adaptation d’un quelconque volume de la Série noire. Gihef a rassemblé tous les éléments attendus dans ce type de récit : un héros fatigué, ronchon et décalé, une assistante sociale dévouée, une poignée de flics dépassés et une terrible brochette de méchants de tout acabit, allant du salopard fini au politicien véreux, en passant par d’amusants trafiquants belges dissonants, mais pas moins affreux. Le tout est emballé avec une touche de drame social, trois sous de psychologie de comptoir et ce qu’il faut d’action et de one-liners qui font mouche. Clair et très bien construit, le résultat se montre suffisamment rythmé pour capter l’attention et passer un bon moment de lecture détente. Évidemment, au niveau de l’originalité ou d’une réflexion sur la société, mieux vaut « zapper » ailleurs.

Changement d’époque et de ton, mais pas de région, Morgann Tanco troque le chant des cigales et le doux parfum de la lavande chers à Marcel Pagnol pour le claquement des Kalachnikov et l’odeur de la poudre (celle des frites aussi). Il propose une copie léchée, pleine et inspirée. Dans un registre plus réaliste, il fait aussi bien que Serge Carrère (Léo Loden) en dépeignant le Sud de la France, que ce soit côté ville ou campagne. Points forts, la mise en scène particulièrement travaillée et des protagonistes dotés de véritables « gueules » de l’emploi démontrent de l’étendue du talent de ce dessinateur pas encore reconnu à sa juste valeur. Seules les couleurs très banales et trop uniformes (où sont la chaleur écrasante et le soleil aveuglant ?) viennent quelque peu gâcher la partie.

Sympathique, rempli de bons sentiments et de moments-chocs, Monsieur Vadim coche toutes les cases de la « bonne petite BD » divertissante et prenante. Le principal sujet de satisfaction de ce projet reste cependant l’excellente réalisation de Morgann Tanco.

Moyenne des chroniqueurs
6.0