Mobius 1. Les Fils du vent

B erg est un Voyageur, de ceux capables de sauter d’une dimension spatio-temporelle à l’autre ! Pour Madame Lee, c’est le partenaire idéal pour une chasse à l’homme dans les différents multivers de la Terre. 9999 précisément !

Constituant certainement l’un des duos les plus prolifiques du 9e art actuel, Jean-Pierre Pécau et Igor Kordey, avec la complicité d’Anubis à la couleur, signent une nouvelle saga : Mobius.

Il est difficile de réellement innover dans un thème aussi travaillé que celui des voyages entre dimensions parallèles. Qu’à cela ne tienne ! Jean-Pierre Pécau, prenant pour prétexte les paradoxes de la physique quantique et les développements d’Everett, imagine un nouveau moyen de passer de l'une l’une à l’autre : un simple trépas suffira. Après un premier volet qui permet de positionner le cadre contextuel de la série, les quelques principes qui en guideront le cours et ceux qui seront chargés de l’animer, le premier saut s’opère. La traque commence dans une Venise parallèle pour rebondir aussitôt sur Terra 9876…

Pour assurer la partie graphique, Igor Kordey est égal à lui-même et n’hésite pas à se mettre en scène ! Avec un encrage toujours marqué, le trait est précis puisqu’il va jusqu’à reproduire le nom de la fonderie sur la poutre d’un pont qui ressemble furieusement à celui della Donna Onesta sur le Rio de la Frescada ! Cependant, il sait garder, tant dans les expressions que les décors, une forme de simplification qui concentre le lecteur sur l’essentiel et rend les planches parfaitement lisibles. Cela étant, il convient pour le dessinateur croate d’être efficace puisqu’il mène de front au moins quatre séries (Marshal Bass, Colt & Peppers’, Histoire secrète, Mobius) sans parler des encrages ou des épisodes sur diverses franchises comics.

Les univers multiples sont une bénédiction pour les auteurs qui peuvent mener de pair plusieurs récits et les imbriquer à l’envi : les productions DC en sont l’exemple type. Pour l’occasion le scénariste de V. Girls préfère se transférer de l’un à l’autre en préservant une certaine unité, non de temps ou de lieu, mais de protagonistes. Appuyant son scénario sur un duo improbable, l’éternel antagonisme Bien-Mal ou jouant sur des considérations scientifiques, historiques ou sociologiques, parfois un peu longues, mais destinées à assoir la crédibilité de l’histoire, Les fils du vent constitue un préliminaire qui ne démérite en rien. Il reste désormais à véritablement lancer la série par un deuxième album qui devrait voir l’entrée en scène de personnages encore restés dans l’ombre…

Moyenne des chroniqueurs
6.5