Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves 7. L'Hyperrêve

U n nouveau Julius Corentin Acquefacques est toujours un événement. Non seulement, Marc-Antoine Mathieu ne distille que très précautionneusement les aventures de son héros-fétiche (sept tomes en trente ans), il se fait également une obligation d’intégrer quelques trouvailles technico-narratives impensables et immanquablement percutantes. L’hyperrêve ne fait pas défaut et, comme à son habitude, Julius entraîne le lecteur dans une épopée aux limites du possible dessiné (et du réel).

Impossible d’en dire trop de peur de gâcher la lecture. Cependant, accrochez-vous bien puisque durant cette plongée onirique, il sera question, entre autre, de physique fondamentale, d’univers en expansion et de cosmogonie tant humaine que générale. Ajoutez-y un final à donner des cauchemars à n’importe quel imprimeur et une foule d’idées graphiques aussi élégantes qu’efficaces et vous obtenez un épisode plus grand que nature rassemblant tous les ingrédients habituels et attendus de la série, humour compris évidemment.

Surprenant, impeccablement pensé et construit. C’est peut-être là que là le bât blesse. Non pas que l’album déçoit, il est passionnant et vertigineux. Par contre, comme dans Le livre des livres et encore plus, 3 rêveries, l'auteur pousse tellement loin le côté "objet" de sa création que le scénario ne devient pratiquement qu’un simple support pour ses inventions narratives et ses réflexions existentielles. Ce n’est pas si grave tant le volume se montre époustouflant. Toutefois, cette course continuelle vers le toujours plus décalé ou expérimental au détriment de l’émotion et de la dramaturgie provoque un certain déséquilibre. Résultat, cette hésitation entre essai théorique, laboratoire de scénariste fou et fiction pourrait rebuter les bédéphiles moins acquis à la littérature potentielle.

À l’image de son créateur, L’hyperrêve s’avère être unique, novateur et audacieux. Une fois de plus, Marc-Antoine Mathieu prouve par l’exemple que la bande dessinée n’a pas encore révélé toutes ses possibilités et, par extension, sa capacité à nous faire rêver.