L'or des marées 2. Les amants de la mer d'iroise

E n 1894, sur l’île de Béniguet, à la pointe du Finistère, Yves et Anne tentent de faire prospérer leur toute jeune entreprise. Ils ramassent le goémon, le font sécher, le brûlent et en constituent des pains de soude, prisés pour l’iode que l’on peut en extraire et vendre à l’industrie pharmaceutique et photographique. Yves a pour associé Lemarchand, dont la fille, Estelle, est amoureuse de lui, bien que fiancée à François. Au début de ce deuxième volume, Anne annonce sa grossesse. Yves va reprendre la ferme du vieux Kerebel et tenter de réconcilier ses beaux-frères, Cheun et Yann, brouillés pour une histoire de cœur. Malgré les obstacles de tous ordres, Yves est confiant et va de l’avant. Mais, un soir, il cède aux avances d’Estelle.

En octobre 2019, François Debois et Serge Fino lançaient, avec Les Moissonneurs de la mer, L’Or des marées, une nouvelle saga, dans la continuité des huit tomes des Chasseurs d’écume (2011-2018), leur précédent feuilleton historico-familial. Le projet est de ressusciter une Bretagne d’antan à travers le récit tumultueux d’une famille aux prises avec l’Histoire, les sentiments, les ambitions personnelles et les rivalités réciproques. L’exposition avait rempli complètement sa mission, posant un contexte solide, harponnant le lecteur avec des personnages attachants et ouvrant suffisamment de portes narratives pour mettre à mal la patience la plus tenace.

L’attente n’est pas totalement comblée avec Les Amants de la mer d'Iroise. Certes, la minutie de la reconstitution, le développement des interactions entre les principales figures et le rendu d’une atmosphère pleine de charme sont toujours des atouts bien présents. Néanmoins, le rythme de la narration marque légèrement le pas et la fin de l’album arrive bien vite, avec le sentiment qu’il ne s’est pas passé grand-chose. Par ailleurs, le traitement des quelques événements aurait mérité davantage d’envergure et de panache pour emmener la lecture vers une autre dimension. La trame n’est pas à remettre en cause. Ce serait plutôt la dynamique de la mise en image qui pécherait par sa timidité et sa retenue. Enfin, l’ouverture d’une intrigue dans l’épisode précédent (la découverte d’un cadavre sur l’île) n’est pas suivie et semble abandonnée sans raison.

Le graphisme de Serge Fino est toujours opportun et séduisant. Entre classicisme assumé, réalisme neutre et naïveté recherchée, celle des peintres ruraux du 19è siècle, son trait et son application des couleurs rendent de belles ambiances.

Les quelques réserves exprimées n’entament en rien l’intérêt développé pour ces destins. Plusieurs titres devraient encore paraitre pour les clore définitivement. Ils sont attendus.

Moyenne des chroniqueurs
6.0