Le silence est d'ombre

N ormal qu'après une éprouvante journée, Amun s'endorme comme un loir. Malheureusement, le soleil ne se lèvera plus pour lui. Un incendie a ravagé l'orphelinat et il a été pris dans les flammes. Il se retrouve dans une sorte de monde seuil, celui qui précède les nouvelles destinées. Habituellement, les fantômes ne restent pas dans cet univers transitoire mais Amun est timide et a très peur de naître à nouveau ; jusqu'au moment où il rencontre Yaël...

Après le très joli manga Jizo, voici un autre ouvrage jeunesse traitant du délicat sujet du décès d'un enfant. Loïc Clément, auteur de l'excellent Miss Charity évoque avec sensibilité, onirisme et mélancolie le destin d'un gamin à l'enfance difficile, tellement lourde d'ailleurs, qu'il laisse traîner sa chance de retourner parmi les vivants. Son amitié avec un autre garçonnet sera l'occasion de reprendre gout à l'existence et de croire en la possibilité du bonheur. La mort, la réincarnation, le mal-être, le courage et l'espoir, autant de thématiques sont abordées ici avec pour fond de réflexion : qu'importe son poids, la vie vaut d'être vécu. Le scénariste prend le temps de développer en voix off le ressenti du héros, presque avec légèreté, ce qui évite tout pathos superflu. La conclusion se révèle optimiste et lumineuse, un peu rapide peut-être. Les lecteurs auraient certainement aimé passer un plus long moment avec les personnages.

Sanoe (La grande ourse) exploite intelligemment les couleurs : gris pour les êtres en transit et une palette vive à dominante rouge et verte pour le reste. Son trait, empreint de douceur et néanmoins énergique met en images les sentiments ainsi que les scènes d'action avec talent.

Le silence est d'ombre s'avère un récit fort et parfois dur sur une question complexe à traiter. Le duo d'auteurs s'en sort de manière tout à fait honorable. Bien que s'adressant à un jeune lectorat, l'histoire laissera les adultes un peu sur leur faim pour cause d'un manque de développement. Les illustrations feront oublier ce désagrément aisément.

Moyenne des chroniqueurs
5.0