L'enfant océan L'Enfant océan

L es frères Doutreleau, ce sont sept rouquins mal attifés : trois paires de jumeaux et un benjamin qui ne parle jamais, au grand agacement de ses parents et de ses instituteurs. Pourtant, Yann est intelligent et son imagination foisonne des illustrations qu’il voit dans les livres, notamment de cet océan qu’il rêve de découvrir. Un soir, il réveille ses aînés en gesticulant : leurs géniteurs ont décidé de les tuer. Paniquée, la fratrie s’enfuit. Commence alors une longue route qui va les conduire jusqu’au littoral.

Après une adaptation en bande dessinée du roman de Pierre Boterro, Fils de sorcière, Maxe L’Hermenier (à la plume) et Steven Dhondt (aux pinceaux) collaborent de nouveau pour offrir une transposition d’une autre œuvre jeunesse. Signée Jean-Claude Mourlevat, celle-ci constitue une version moderne du conte du Petit Poucet. Fidèle, le récit entraine le lecteur à la suite de ces gamins attachants, poussés sur les chemins par le seul témoignage du plus jeune et le spectre des intentions criminelles de ceux qui leur ont donné le jour. Tout en soulignant leur solidarité fraternelle et leur débrouillardise, la fugue est émaillée de rencontres, souvent bienveillantes, mais aussi des témoignages livrés par les personnes qui ont croisé les frangins et, tout particulièrement, le petit héros roux. Bien agencées et distillées comme s’il s’agissait d’une enquête, ces interventions permettent de découvrir progressivement la vérité sous-tendant l’affaire. Quant au dénouement, il ne manque pas de faire sourire.

La mise en image se révèle convaincante. En effet, le trait du dessinateur livre de véritables trognes, toujours très expressives. En parallèle, le découpage soigné et les cadrages assurent une bonne dynamique d’ensemble, en variant les points de vue et en jouant sur des combinaisons de cases ou de bandes pour bien transmettre le propos. Quant au choix des couleurs, il s’attache à restituer au mieux les ambiances, tout en misant sur le côté un peu vieilli des teintes. Complétant l’album, un carnet de huit pages propose, entre autres, un questionnaire et un jeu d’anagrammes.

Jolie pépite pour la collection du même nom, L’enfant océan constitue une lecture des plus appréciables qui saura toucher les enfants (et aussi les grands).

Moyenne des chroniqueurs
7.0