La trilogie de la violence 1. Le Syndrome [E]

D es affaires glauques et complexes à résoudre, ils en ont tous les deux connu dans leur carrière et leur service respectif. Mais à ce point-là, non. Entre un vieux film qui rend aveugle pour celui qui le regarde et la découverte de cinq squelettes dont les boîtes crâniennes ont toutes été sciées, à priori, il n'y a aucun rapport, d'autant que ces deux affaires sont très distantes l'une de l'autre. Et pourtant, les officiers de Police Lucie Hennebelle, affectée à Lille, et Franck Sharko, en fonction à Nanterre, vont devoir unir leurs compétences pour lutter contre ce que la nature humaine à parfois de plus abominable en elle.

Editis, qui regroupe entre autres les labels Robert Laffont, Pocket et Kurokawa, s'associe à Jungle pour éditer de la bande dessinée et des graphics novels dits de «genre». Leur ligne de conduite sera principalement l'adaptation d'œuvres majeures issues du richissime catalogue du premier nommé. Par la suite et ponctuellement, quelques créations originales viendront grossir leurs étagères. Bienvenue aux éditions Philéas qui promettent « un univers de plaisir et d'émotions graphiques ».

En 2010, Franck Thilliez signe son septième roman dans un registre qui lui est cher et dans lequel il excelle : le thriller. Toujours aussi sombre et angoissant que ses précédentes parutions, Le Syndrome [E] sera publié chez Pocket dans sa collection Fleuve Noir. Il y réunit pour la première fois ses deux protagonistes fétiches, des flics écorchés par la vie et abimés par un travail harassant, et qui avaient, jusqu'à ce nouvel opus, mené leurs enquêtes séparément. Unanime, la presse spécialisée salue l'imagination du romancier en distribuant les bonnes critiques. Le succès est une nouvelle fois au rendez-vous.

Cette adaptation du livre en bande dessinée, réalisée avec brio par Sylvain Runberg, est une étape supplémentaire dans la reconnaissance par ses pairs. L'auteur d'On mars, Orbital, Le Règne s'est attaché, en témoigne une pagination très conséquente, à retranscrire le plus fidèlement possible l'œuvre de l'écrivain. Il en résulte un ouvrage dense, recouvert par un suspense omniprésent et pesant comme une chape de plomb. Car, que ce soit à travers une investigation tout autant complexe qu'intrigante ou dans la présentation du tandem d'acteurs, les indispensables composantes sont soigneusement exposées. À cela, il faut ajouter et souligner la qualité d'un récit et d'une narration qui foncent toutes sirènes hurlantes, relayés par le coup de crayon efficace de Luc Brahy dont bon nombre de bédéphiles avaient apprécié le dessin dans Imago Mundi, Julie Doohan et Irons. L'action, et les décors sont réalistes, de même que les scènes de crimes qui pourraient légitimement être jalousées par n'importe quel groupe d'identité judiciaire.

Le Syndrome [E] fournit un scénario totalement maitrisé et particulièrement haletant qui menotte furieusement le lecteur, le libérant seulement une fois la dernière planche parcourue. Encore que...

Moyenne des chroniqueurs
7.0