Maison ronde

I naugurée en 1963 par Charles de Gaulle, la Maison de la radio rassemble en un seul endroit toutes les antennes de la radiodiffusion nationale française. Ce bâtiment à l’architecture audacieuse est une véritable ruche humaine où plus de quatre mille employés s’activent sans relâche pour produire des multitudes d’émissions de tous genres. Charlie Zanello a eu la chance de la fréquenter pendant toute l’année 2019 en tant que « dessinateur de BD officiel ». Fort de ce titre principalement honorifique, il a pu avoir un accès privilégié à l’entièreté de cet extraordinaire établissement finalement méconnu par les millions d’auditeurs qui l’écoutent pourtant quotidiennement.

La mode des albums-reportages à propos d’institutions ou de monuments ne se dément pas. Après le Centre Pompidou-Metz, L’Élysée (Le Château de Mathieu Sapin), la course aux étoiles (Dans la combi de Thomas Pesquet de Marion Montaigne) ou Dans les secrets des labos scientifiques (Jean-Yves Duhoo), c’est au tour de la Maison Ronde de Radio France d’être décortiquée et présentée en images.

Trait nerveux façon crobard, de la curiosité et ce qu’il faut d’humour, sans oublier une bonne dose d’autodérision, Zanello possède sur le papier toutes les qualités requises pour mener à bien sa mission. Malheureusement, écrasé par l’ampleur de la tâche et peut-être impressionné par la stature et la réputation des artisans des ondes, son enquête peine à matérialiser la magie et l’importance des lieux. Sans réelle direction ou véritable angle d’attaque, il propose une série interminable de scénettes, certes instructives et souvent amusantes, mais sans jamais véritablement arriver à entraîner le lecteur dans ses découvertes. D’ailleurs, lui-même s’essouffle régulièrement et s’en remet à un hypothétique fantôme pour tenter de donner un semblant de cohésion à ses déambulations. La situation est vraiment regrettable, car tant le bâtiment en lui-même que les innombrables métiers rencontrés se montrent passionnants à pénétrer.

Répétitif, sans réel rythme ou véritable identité, Maison ronde – Radio France de fond en comble n’accroche jamais les esprits et finit par décevoir sur la longueur. Globalement, l’ensemble ne s’avère pas totalement malheureux – la fin cataclysmique annonçant la pandémie de COVID est bien suggérée, par exemple -, il est néanmoins permis de penser que l’auteur n’a pas su se saisir et exploiter adéquatement l’énorme matériel historique et humain mis à sa disposition. Dommage.

Moyenne des chroniqueurs
4.0