Empire State Empire state - Une histoire d'amour…

V aguement web-designer, vaguement artiste en devenir, Jimmy travaille à la bibliothèque municipale d’Oakland pour vivre. Ce n’est pas la panacée, mais ce boulot peu contraignant lui laisse suffisamment de temps afin de fignoler son portfolio, avant d’aller peut-être tenter sa chance dans des agences de communication ou de publicité. Un grand choc vient bouleverser sa réconfortante routine, sa meilleure amie, Sara, lui annonce son prochain déménagement à New-York où elle a dégoté un stage. Et si c’était un signe ? Peut-être que pour lui aussi c’est le moment d’oser sauter le pas et d’affronter la Grande Pomme…

Chronologiquement quatrième livre de Jason Shiga, Empire State est originellement sorti en 2004. Autobiographique ou tout du moins autofictionnel, le scénario met en scène Jimmy, l’alter ego habituel de l’auteur de Demon. Ce récit classique du passage à l’âge adulte se déroule le temps d’une traversée des USA en autocar. Cinq jours d’introspection qui permettent au héros de faire le point et de se remémorer quelques épisodes récents de son existence. Rapports aux autres et à sa famille, questionnement existentiel alors que différents futurs possibles s’ouvrent à lui et les affres de l’amour sont évidemment au programme. Si ces sentiments s’avèrent universels, ils ont également été largement ressassé dans une multitude d’albums, romans, mémoires, films et chansons. Cette petite chronique permet cependant au scénariste d’offrir deux portraits amènes et détaillés (Jimmy l’inquiet et Sara la fonceuse délurée), ainsi que de présenter d’une manière amusante les différences fondamentales de mentalité entre Côte Ouest et Côte Est des États-Unis.

Graphiquement, le découpage « funky » et la mise en couleurs minimaliste jusqu’au-boutiste se montrent plus percutants. Comme à son habitude, le dessinateur joue sur l’agencement des cases pour rythmer la narration. Le résultat s’avère très efficace grâce à sa grande fluidité. Par contre, il n’est pas certain que cette inventivité soit vraiment utile à cette tragi-comédie douce-amère plus proche du Manhattan de Woody Allen que du Roi pêcheur de Terry Gilliam.

Témoin d’une époque pas si lointaine, mais déjà périmée (cf. les nombreuses références culturelles et technologiques), Empire State est une lecture assurément sympathique, mais guère originale au final. À noter qu’après cet unique essai de récit réaliste, Shiga préféra retourner vers le fantastique, genre plus adapté à sa débordante imagination probabiliste.

Moyenne des chroniqueurs
6.0