Sur la route de Whiskyville

U SA, début des années 30. Jed et Thanny, deux vagabonds, errent de ville en campagne à la recherche de quoi manger et d’un toit pour le soir. Pauvres, miséreux, ils n’ont qu’eux-mêmes sur qui compter. Par chance, leur entente est bonne, voire plus que ça. Puis, au gré de leurs pérégrinations, ils ont un destination et une carte pour y arriver : Whiskyville, la mythique cité où l’alcool coule à flot ! À la suite d’une tragique affaire de tourte volée qui a mal tourné, ils se retrouvent avec le terrible sergent O’Feathers à leurs trousses. Juste un petit contretemps avant d’atteindre le nirvana des clochards, pas de quoi s’inquiéter.

Histoire loufoque mettant en scène un duo touchant, Sur la route de Whiskyville joue la carte de la comédie slapstick traditionnelle. Bagarres, chutes et tartes à la crème s’enchainent à haute fréquence. À ce fond classique, digne des grandes heures de Laurel et Hardy ou des Marx Brothers, Macon Blair a insufflé une tonalité contemporaine et, par moments, une petite dose de gravité. En effet, avec ses deux héros, il introduit un rare couple gay dans un titre jeunesse-ado grand public. De plus, certaines situations rappellent que de moquerie à raillerie, il n’y a qu’un pas. Les Freaks de Tod Browning veillent au grain pour que ça ne soit pas le cas ! Une fois établies, ces considérations n'empiètent en rien sur la narration et laissent tout l'espace aux innombrables tribulations burlesques. C’est peut-être bien là que le bât blesse. Passé outre cette volonté de mettre en avant des protagonistes « différents », le scénario se résume à une longue course poursuite finalement assez banale et passablement violente.

Visuellement, Joe Flood passe constamment du chaud au froid. Certaines séquences se montrent brillantes, dynamiques et astucieusement découpées, alors que d’autres s’avèrent encombrées et difficilement lisibles. Manque d’inspiration ou lacune graphique ? Toujours étant, l’ensemble peine à être convaincant sur la longueur. Dernier bémol, les couleurs un peu trop appuyées et souvent très sombres dès que le soleil se couche, n’apportent que peu d’agrément à ces pages globalement très inégales.

D’un côté consciencieusement pensé, Sur la route de Whiskyville souffre de l’absence d’une réelle mise en contexte et de la simplicité de sa dramaturgie. L’essai est courageux, mais pas totalement transformé, dommage.

Moyenne des chroniqueurs
6.0