Les compagnons de la Libération 4. Romain Gary

« Je n’ai pas une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines. »
Romain Gary se voyait recevoir le Nobel de littérature, mais sa mère l’imaginait surtout en héros de la Deuxième Guerre mondiale. Le garçon s’enrôle dans l’armée de sa patrie d’adoption, puis déserte pour joindre la résistance. Alors qu’il désire en découdre avec les Allemands, commence une longue attente. L’écrivain craint de décevoir celle qu’il aime par-dessus tout. Il fera tout de même sa marque en 1943, lorsqu’il démontre un sang-froid remarquable à l’occasion d’une mission aérienne qui aurait pu s’avérer catastrophique. Il sera récompensé en obtenant la Croix de la Libération.

La tâche de Catherine Valenti est délicate. Celui dont elle écrit la biographie a pratiquement des allures de Don Quichotte : il aspire à l’héroïsme, mais peine à trouver l’ennemi. Il rêve de batailles endiablées, et doit se contenter de tirer sur des pintades. Heureusement qu’un acte de bravoure exceptionnel sauvera son honneur et celui de sa maman. La relation avec cette femme constitue du reste l’élément moteur du récit. Présente dans une poignée de planches, elle s’impose dans les pensées de son fils dépositaire de sa francophilie et de ses aspirations à la gloire. Son sens du sacrifice fait d'ailleurs d'elle un modèle de courage.

Il y a peu à dire sur le dessin réaliste de Claude Plumail. Ce dernier, qui a illustré les séries Charles De Gaule et Résistance, est en pays de connaissance. Ses décors se montrent convaincants et le lecteur se doute bien que ses reconstitutions sont minutieuses ; le jeu de ses comédiens est cependant figé et a du mal à transmettre les émotions.

Dans son ensemble, le projet des Compagnons de la résistance demeure intéressant. Il permet de redécouvrir des personnages dont les noms sont célèbres alors que leurs actions sont parfois oubliées. À ce jour, la collection a accueilli le Général Leclerc, Pierre Mesmer et Jean Moulin. Dans ce quatrième chapitre consacré à l’alter ego d’Émile Ajar, il est moins question d’un grand résistant que des liens troubles qu’un homme entretient avec sa mère. Le conflit se révélant finalement plus psychologique et familial que militaire.

Moyenne des chroniqueurs
6.0