Homunculus (Bødker/Ryberg) 1. Le serpent de feu

L ondres, fin du XIXe siècle. La mode du spiritisme est à son apogée et toute la haute société se précipite chez des médiums autoproclamés pour faire tourner les tables et parler les morts. « Des sots ! » peste le Docteur Harryhausen. Il faut dire que ce dernier connaît la terrible vérité qui se cache derrière ces idioties. Il a à son service une créature étrange que des entités paranormales ont créée il y a des éons dans le but de pouvoir interagir avec le plan terrestre. Encore plus dérangeant, il semblerait que des démons aient finalement décidé de se réveiller pour de bon. La menace est donc imminente. Comment lutter et faire comprendre à ses semblables la gravité de la situation ?

Le professeur Bell a de la compagnie ! Classique récit néo-gothique fantastique, Homunculus reprend les éléments obligés du genre sans trop se poser de question. Monstres lovecraftiens jusqu’à la dernière tentacule, mysticisme indo-tibétain de circonstance et un héros fin lettré doté d’un sidekicks/valet/passeur affolé par ce qu’il peut observer du fait de sa nature hybride, Benni Bødker a largement pioché dans l’imaginaire collectif en créant son intrigue. Si le scénario ne propose vraiment rien de nouveau, il s’avère heureusement très bien construit et rythmé. Après quelques explications nécessaires à la présentation du cadre général, l’action prend les commandes dans une succession de poursuites infernales et de fuites en avant. L’état de santé et le mental de l’homunculus sont également très bien décrits et utilisés. Coincé entre deux mondes, sa souffrance est palpable et apporte une bouffée d’émotion pure à cette histoire extraordinaire.

Impossible à ne pas penser à Joann Sfar ou à Hervé Tanquerelle en découvrant les dessins de Rune Ryberg. Même si le style de celui-ci penche plus vers la caricature, spécialement quand il croque les protagonistes, l’impression de déjà vu est immanquable. La comparaison s’arrête là, car l’ambiance du Serpent de feu se montre nettement moins sombre que celle qui plane sur les aventures du Prof. Bell. La mise en couleurs très dynamique de Lærke Enermark et l’orientation plus jeunesse du titre y sont certainement pour quelque chose.

Très convenu sur le fond, mais sympathique et très bien réalisé, Homunculus ne défrisera pas Nyarlathotep et ses cousines. La série devrait cependant faire un carton auprès des pré-ado amateurs de frisson et de mystères se cachant dans les profondeurs. Suite et fin dans le prochain tome.

Moyenne des chroniqueurs
6.0