Résumé: Un héros d’une épaisseur peu commune dans l’Europe du XIXe siècle. À la rencontre des mystères de son temps et de ses propres failles intérieures.
Tout simplement remarquable.
Londres. 1876. Sur les confortables fauteuils clubs de L’Athenaeum, un cercle très select, Lord Rollins ne se doute pas que le paquet qu’il vient de recevoir contient sa mort, sous la forme d’un cobra qui va lui dévorer la gorge. Il n’imagine pas non plus que son ami, un certain Adrien Mugrave, un riche bourgeois surnommé le Juge sans terre depuis qu’il a distribué les terres de son père à ses paysans, n’est peut-être pas pour rien dans cet assassinat… Un étrange
personnage que ce Mugrave. Le visage à demi ravagé par d’anciennes rixes. Des agissements sans doute à la limite de la légalité. Et puis beaucoup d’étonnants secrets. Qui vont soudain l’obliger à fuir Londres vers sa ville natale, Villefranche-sur-Saône… Un ton, soigné et précis. Un dessin, élégant et vivace. L’alliance parfaite de deux auteurs, Patrice Buendia et Jean-Marc Stalner pour un héros envoûtant, à l’incroyable épaisseur humaine.
C
omplot, vengeance, société secrète et autres mystères dans la deuxième partie du XIXe siècle. Adrien Mugrave, de retour en France après un long exil politique en Angleterre, est nommé juge d’instruction. Pour cet homme au lourd passé, l’enquête commence.
Dans la grande tradition de Ponson du Terrail et d’Eugène Sue, Patrice Buenda et Stéphane Fraioli ont ajouté à la trame de départ de nombreux éléments plus ou moins vraisemblables. À la première lecture, le résultat peut paraître boiteux. Cette construction narrative « encombrée » est, en fait, un des fondements du roman populaire. Le talent des scénaristes étant de faire se rejoindre, à un moment ou un autre du récit, les différentes pistes narratives d’une façon logique et satisfaisante. Lumière éteinte porte donc bien son nom : le lecteur est un peu perdu dans le noir. Ce premier tome est avant tout introductif, les auteurs posent ici les bases d’un récit ambitieux et très ouvert.
Jean-Marc Stalner (Fabien M, Le cercle de Minsk) est particulièrement à l’aise dans la description de la Troisième République et, pour les passages Outre-Manche, de l’ambiance victorienne. Sans doute conscient du manque de mouvement de ses personnages – très figés par moment –, le dessinateur choisit, avec beaucoup d’intelligence, de décomposer les actions. Cette « astuce », associée à des cadrages très serrés, permet de donner beaucoup d’impact aux scènes d’action. Le dessin, très classique, reste toujours très lisible. La mise en couleur d’Elvire de Cock, quoiqu’un peu lourde par moment, est néanmoins efficace.
Un premier tome intéressant qui en appelle d’autres, chose somme toute logique pour un bon feuilleton… à suivre.