Résumé: Cette histoire qui se déroule en 2 tomes pose la question suivante : à un carrefour de son existence, peut-on, en fonction du chemin que l'on emprunte, devenir un salaud ou un héros ? Et finalement, quels que soient nos chemins qui en découlent, n'existe-t-il pas pour chacun d'entre nous une destinée inéluctable ? Le héros de cette histoire, Pierre Hemmer, est un enfant vivant dans un petit village de Champagne-Ardenne à la fin des années 1920. Fils d'un allemand et d'une française, il se retrouve au début du récit face à une alternative alors que ses parents se séparent : Rester avec sa mère ou trouver les mots pour convaincre son père de l'emmener avec lui. Dans le premier cas (tome 1), il reste avec sa mère. Les circonstance feront de lui un meurtrier, un soldat et, finalement, un héros de la résistance. Dans le deuxième (tome 2), son père l'emmène avec lui. Il se retrouve plongé dans l'Allemagne du début des années 30 et finit par adhérer à la philosophie nazie et par intégrer a redoutée Gestapo. Au final, son destin sera tragiquement identique...
À
l’aube des années 30, Pierre Hemmer est la cible des garçons de son village champenois parce qu’il est né d’une Française et d’un Allemand. Après une énième confrontation, il voit son « sale Boche » de père repartir pour son pays natal. Pierre a alors le choix : rester ou suivre son géniteur.
Dans le premier cas, il demeure quand même le fils du « Fritz », ne se consolant qu’auprès de Nicole et dans les études. En 1940, il s’illustre en Tunisie et en Normandie avant de rallier Londres. Et, en 1942, le destin le conduit à Paris où, entré en contact avec un groupe de résistants communistes, il retrouve Nicole et affronte son ennemi d’enfance, François.
Ou alors, ce jour ensoleillé de 1929, l’enfant suit son père en Allemagne et, sous le prénom de Karl, est placé dans un orphelinat élitiste à la mort de ce dernier. Il y est formé comme un parfait petit soldat du Reich. Ses qualités et son fanatisme lui permettent ensuite de gravir les échelons et d’intégrer la Gestapo. Puis, en 1942, sa mission de démantèlement d'un réseau de « Rouges » l'amène à croiser à Paris la route de vieilles connaissances prêtes à lui resservir du « Sale Boche », quelque soit leur camp. Seulement, cette fois, il en a l’uniforme…
Tracer, en fonction de ses choix, le double destin d’un jeune franco-allemand - forcément haï pour ses origines germaniques dans une France qui conserve la peur du « Schleu » - pendant l’entre-deux-guerres puis durant le second conflit mondial : l’idée initiale d’Edouard Chevais-Deighton est sans nul doute originale et intéressante. Elle promet en effet de peindre deux tableaux contrastés, possédant chacun leurs particularités et leurs similitudes. Malheureusement, le traitement, en deux tomes, parus simultanément, s’avère relativement décevant. Le premier album se penche exclusivement sur la première option, celle qui voit le héros rester en France, suivre le général de Gaulle et entrer dans la Résistance. Le deuxième n’est centré que sur l’autre possibilité, celle d’une existence teutonne, marquée par l’incorporation dans la mouvance hitlérienne. Si bien qu’il en résulte une impression de déjà vu en début de récit, et que la fin est déflorée, malgré un point de vue différent, aussi bien narratif que graphique. C’est dommage et le lecteur peut se demander s’il n’aurait pas été préférable de construire les histoires jumelles autrement, pour ne pas perdre le sel de la seconde.
Par ailleurs, tant le personnage principal que les autres protagonistes se révèlent finalement assez convenus et pâtissent d’un manque d’épaisseur certain, donnant, en dépit de leurs engagements propres, l’impression déplaisante d’être trop lisses. Ainsi, Pierre, le résistant, officier dans l’armée de la France Libre, est-il quelque part trop parfait, gentil héros luttant pour son pays bien qu’il en ait bavé par le passé, tandis que Karl, le SS, est présenté comme l’impeccable produit d’une éducation aryenne de haut vol – avec tout ce que cela implique. Mais si le scénariste montre bien l’un s’illustrer brillamment durant la guerre de 1939-40, l’autre donne des frissons à ses dames en raison de son regard glacial sans pour autant qu’on le voit commettre d’actes de cruauté jusqu’à ses retrouvailles avec Nicole. Cet homme-là, pourtant, s’annonce plus intéressant que son double patriote et propre sur lui, mais ni la confrontation avec les habitants de son village natal ni celle avec son ennemi juré ne sont convaincantes, faute, peut-être, que ce nazi supposé terrifiant corresponde à l’image qu’on s’en fait.
Graphiquement, le public découvre deux pattes différentes, celles de Stéphane Agosto et de Philhoo, chacun illustrant son propre tome. Pourtant, le dessin des deux artistes possède de nombreux points communs, à commencer par un trait léger, manquant parfois de fermeté, et une mise en couleurs dans des tons pâles qui confèrent à l’ensemble un caractère passé, sans véritable relief. De plus, toute préférence mise à part, le travail d’Agosto s’avère un rien plus figé que celui de son collègue qui, lui, semble avoir davantage fouillé les expressions des protagonistes. Toutefois, dans les deux cas, il faut noter quelques poses et plans moins réussis. En revanche, il est important de souligner l’effort de proposer des cadrages et angles de vue différents dans les scènes similaires des deux existences.
Malgré un sujet attirant sur une époque où il n'était pas bon d'être "mi-fritz/mi-frog", L’alternative reste en deçà de ses promesses par défaut d’approfondissement et de véritable intensité du récit. Vraiment dommage.
Les avis
tchoutchou3145
Le 14/03/2018 à 17:23:11
Enchanté par le graphisme et le scénario du tome 1
Je suis assez déçu par le tome 2!
Pourquoi ce changement qui nuit vraiment à la cohésion d'un thème original qui m'a décidé à acheter l'ensemble..
yopla
Le 23/01/2010 à 00:53:58
Idée assez originale d'explorer les chemins que dévoilent les choix que l'on prend.
Niveau graphisme je trouves le premier tome beaucoup plus abouti que le 2ème et je ne comprends pas trop l'idée d'ailleur de recourrir à 2 dessinateurs, le dessin du tome du méchant est moins bon que le premier mais avait i tan que ca le choix ? J'aurais préféré un seul dessinateur qui aurait pu nous donner sa vision pour chaque tome plutot que 2 dessinateurs finalement un peu rivaux, ce qui ne sert pas forcément l'histoire au mieux.