Résumé: Le Donjon n’est plus. En lieu et place s’élève désormais la forteresse noire de la Géhenne vouée au culte idolâtre et sacrificiel du Grand Khan. La rotation de la planète a cessé, le temps ne paraît plus s’écouler et le cycle des saisons s’est interrompu. Les survivants n’ont d’autre choix que de s’abriter sur le mince bandeau de terre où le jour et la nuit se confondent. L’on nomme ce territoire et cette époque Crépuscule.
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e Donjon n’est plus. En lieu et place s’élève désormais la forteresse noire de la Géhenne vouée au culte idolâtre et sacrificiel du Grand Khan. La rotation de la planète a cessé, le temps ne paraît plus s’écouler et le cycle des saisons s’est interrompu. Les survivants n’ont d’autre choix que de s’abriter sur le mince bandeau de terre où le jour et la nuit se confondent. L’on nomme ce territoire et cette époque Crépuscule.
Au faîte de sa puissance, Herbert est, bien malgré lui, en possession des sept artefacts du Destin. Il a accueilli en son sein l’Entité noire et préside d’une main de fer aux destinées de Terra Amata. En contrepoint, Marvin, héraut déchu et aveugle, n’est plus que le « Roi poussière ». Le tyran n’a pu se résoudre à éliminer ce vestige des temps anciens aussi maintient-il sous étroite surveillance celui qui fût son ami le plus proche. Sentant sa fin venir, Marvin s’échappe et tente de rejoindre le Cimetière des Dragons. Cet ultime pèlerinage sera long et semé d’embûches. Poursuivi par les sbires de Shiwømizh, cupide vizir palindromique, le vieux maître draconiste s’entourera, à son corps défendant, de deux disciples. Pipistrelle, une chauve-souris orpheline, lui servira de guide. Marvin le Destructeur, lapin rouge maudit des siens, aussi téméraire que rebelle, se joindra bientôt à la folle équipée.
Cent albums – l’unité de temps dans Donjon – après Cœur de canard, l’époque Crépuscule signe la fin de l’innocence des premiers Zénith. Qu’elle est loin la bonhomie potache qui caractérisait les aventures inaugurales d’Herbert le canard ! De Duc(k) exilé de Vaucanson, le voici promu Grand Khan(ard), chef religieux et militaire, tout à la fois despote et criminel ! La civilisation, déjà gangrenée et porteuse des stigmates du déclin, a définitivement sombré dans les ténèbres et l’obscurantisme, un Dark Age of Fantasy. La superstition et la magie ont supplanté le progrès. Antipolis, cité grouillante de vie, brassage de races et de cultures, fabuleuse Babel de la création, avait déjà cédé sous les coups de la féodalité et de l’archaïsme. De même, rien de l’apogée du Donjon – bien au contraire – ne masquait de la barbarie d’un monde en pleine décomposition mais celui-ci se fardait des atours de la franche parodie de l’Heroïc Fantasy et du jeu de rôle dans la veine de Warhammer ou de D&D.
Mais ce Cimetière des Dragons préfigure aussi toute l’ambition et la démesure du projet mené par Joann Sfar et Lewis Trondheim. Sfar se désolait de ne pas dessiner, aussi proposa-t-il à son compère la création de Crépuscule. Du tac au tac, Trondheim renchérit: tant qu’à faire, ils n’avaient qu’à raconter la jeunesse du Gardien avant que celui-ci ne régente le Donjon. Sfar le prit au mot et c’est ainsi que naquit la série Potron-minet... Mais ceci est une autre histoire...
Cet album introduit aussi une nouvelle étape dans la collaboration du duo. Chaque série est soigneusement distinguée. Cela implique, dès lors, un changement de style dans l’ambiance et le dessin même si les couleurs, dans un souci de cohérence, restent confiées à Walter. Enfin et outre la numérotation, le titre de chacun des albums d’une même série obéit à une rime particulière, rappelant de la sorte les travaux de l’Oubapo au sein de L’Association : en [-ɥi] pour Potron-Minet, en [-aʁ] pour Zénith, en [-o] pour Parade, en [-œʁ] pour Monsters et en [-ɔ̃] pour Crépuscule.
Au-delà, le Cimetière des Dragons porte l’empreinte de Joann Sfar et de thèmes qui lui sont chers. Le dessin, d'une part, même si, plus tard, il passera la main aux Kerascoët (à compter du numéro 104, Le Dojo du Lagon) puis à Obion (le volume 106, à paraître). D'autre part, si le tropisme niçois se confirme, la société figée de Terra Amata inspire surtout à Joann un questionnement sur le libre-arbitre comme étincelle et le religieux comme facteur d’immobilisme ou de régression quand il s’éloigne de la foi et confine à la supercherie. Le Grand Khan symbolise alors le refus du changement et les pulsions de mort tandis que le Roi poussière, assisté en cela du fougueux Marvin rouge, est le grain de sable, la pulsion de vie, venant perturber la mécanique du Destin. Sfar émaille son propos de références à la culture hébraïque, convoquant tour à tour, mais sans jamais se départir d’un recul bienvenu, l’imagerie de la Géhenne, la divinité Ba’al (pour l’associer aussitôt au dragon) ou le golem (surnommé Golgoth autant en référence au Mont Golgotha, où Jésus Christ fut supplicié, qu’en hommage appuyé à Goldorak et aux armées de Vega…).
Bien loin de terminer le cycle, avec Crépuscule, l'aventure n’en est qu’à son nadir. La révolution entamée voilà dix ans n’est pas prête de s’achever.
» Sommaire du spécial Donjon 10 ans sur BDGest :
Une brève histoire de Donjon
Interviews
- Nicolas Keramidas, enlumineur du Grimoire de l'inventeur
- Obion, la troisième vague du Crépuscule
Chroniques sur BDGest :
- Donjon Zénith, tome1 : Coeur de Canard
- Donjon Crépuscule, tome 1 : Le cimetière des dragons
- Donjon Potron-Minet, tome 1 : La chemise de la nuit
- Donjon Parade, tome 1 : Un donjon de trop
- Donjon Monsters, tome 1 : Jean-jean la terreur
Les avis
Arkadi
Le 14/08/2022 à 13:43:47
Retrouver nos deux personnages rigolards, bagarreurs et colériques autant que fêtards dans des comportements quasi bibliques est d'un engouement total pour le lecteur que je suis.
On découvre le destin d'Herbert à la fin de l'opus. C'est donc un sorte de "Dark Vador" qui, de main de maitre, terrorise Terra Amata. Il est le mal absolu. Mais l'album suit le parcours de Marvin, le "Yoda" sage qui se croit magique. Il est un ermite qui prendra la route pour enfin aller mourir, accompagné de deux trublions. Marvin le rouge, vrai révolutionnaire adolescent et Pipistrelle, à la candeur d'enfant. Ces 3 personnages qui représentent les 3 étapes d'une vie d'homme avancent vers la mort alors que le monde autour d'eux ne bouge plus pour vivre. L'allégorie est belle, empreint de culture et de personnages empruntés à la pensée juive. Le Golgotha, la géhenne et tous ces rapports au destins et à la mort. Marvin est messie pour un enfant et un ado qu'il ne pourra pas tuer car il est trop fatigué pour cela. Alors que Marvin tue et tue encore pour que cesse de bouger le monde et qu'il n'explose pas.
Bien sûr, il y a du drôle. ces courses poursuites aux multiples poursuivants rappellent les poursuites de Tardi (Adèle Blanc-sec) et de Winninger (Victor Billetdoux) et apportent une drôlerie bienvenue, un peu foutraque. Le parcours de Marvin est jonché d'épreuves singulières et inattendues. Et le dessin de Sfar ( qui voulait tant dessiner un Donjon) est en harmonie avec le propos.
Car La série sera celle qui narrera le sacré dans l'apocalypse, le sens du religieux et du divin. le 1er tome, l'introduction, est très réussie en cela.
Erik67
Le 31/08/2020 à 12:18:12
« Donjon crépuscule » n’est pas aussi noir que je l’aurais imaginé au départ car l’humour reste présent. La série s’inspire directement de la seconde trilogie de Star Wars par Georges Lucas. On souhaite en effet savoir comment le gentil Herbert a pu devenir le grand Khan, cet être despotique qui règne sans partage sur un paysage de désolation en affirmant maintenir l’ordre dans le chaos.
Le lecteur doit faire un effort d’adaptation pour passer à cette époque du futur où finalement tout est permis. Cet univers post-apocalyptique reste tout de même très intéressant car il n’est pas forcément négatif dans la mesure où il peut annoncer un monde nouveau. Oui, c’est tout à fait le procédé de Star Wars. Pourtant, on compare volontiers cette série au Seigneur des Anneaux.
Je trouve que cette série qui décrit une époque complexe renouvelle entièrement l’intérêt car les changements sont importants. L’efficacité de la narration entraîne toujours un véritable plaisir de lecture. Doit-on pour autant souhaiter une longue vie à cette série ? Je ne le pense pas.
Pulp_Sirius
Le 12/12/2019 à 18:30:24
Pour le troisième album de la série, nous tombons dans la série Crépuscule. C'est selon moi la moins bonne des époques Donjon.
L'humour est soudainement pour les jeunes ados, du genre caractère explosif du personnage principal, baston à foison et langage familier ou vulgaire parce que haha.
Marvin rouge, le héros de l'époque Crépuscule, est un personnage débile qui dit n'importe quoi et agit presque toujours de manière irréfléchie. Je trouve toujours difficile d'apprécier ce genre d'humour trivial bas de gamme sans ambition.
Cela étant dit, ce premier album est correct. Le Marvin original est vieux et recherche le cimetière des dragons pour aller mourir. Marvin rouge, un lapin rouge (eh oui!), part avec l'original parce qu'il a été nommé et expulsé de son village à cause de lui. Nous avons droit ici à une aventure où nos héros devront se frayer un chemin par le sang pour arriver à leur but.
L'identité du Grand Khan (le méchant de Crépuscule) est une belle surprise qui donnera des munitions au développement de l'époque Zénith.
L'album demeure assez plaisant; je l'ai plus aimé à la relecture que la première fois. Pas mal.
Bobypower
Le 05/02/2015 à 21:31:14
À mon avis, donjon crépuscule est la meilleur série de donjon. J'ai vraiment adoré les aventure de ce lapin rouge coureur de jupon. Oui les dessins sont un peu moins bon avec Sfar. mais deviens excellent avec Karacoet !! À ne pas manquer !!!!!!!!
minot
Le 07/04/2012 à 16:43:26
Un ton violent, désespéré et empreint de mélancolie, des couleurs magiques, un monde chaotique et onirique, des personnages touchants, et une histoire mélangeant efficacement scènes émouvantes, passages comiques et actions bien bourrines.
LE CIMETIÈRE DES DRAGONS inaugure de façon magistrale l'époque "Crépuscule", une période que j'affectionne tout particulièrement. Le dessin de Sfar est ce qu'il est, on aime ou on n'aime pas, personnellement même sans y adhérer vraiment cela ne m'a pas empêcher d'apprécier à fond cet album, qui est l'un des grands chefs d'œuvre de la série.
Meiji
Le 05/05/2008 à 20:46:45
Honnêtement, autant j'aime beaucoup la série des Donjon dans leur intégralité autant il faut bien avouer que la série Crépuscule est inférieure aux autres.
L'histoire est assez bâclée et ennuyante, l'humour est aux abonnés absent et le pire c'est qu'on apprend pas grand chose alors que c'est le premier tome de la série. Marvin n'est plus que l'ombre de ce qu'il était à la période Zénith et Marvin rouge n'est pas très charismatique...
Y a pas à dire il vaut mieux que Sfar fasse le scénar et que Trondheim fasse les dessins on sera plus content.
Guyomar
Le 23/03/2006 à 16:35:36
C'est le premier Donjon que j'ai lu et "Le Cimetière des Dragons" occupent donc une place un petit peu à part chez moi. Je me rappelle m'être dit, putain c'est quoi ce dessin de punk et après lecture, putain je me suis bien marré. Et puis sur le coup pour un ancien rôliste c'était classe de trouver une BD comme ça ! En tout cas, les bases du crépuscule sont jétés dans cet étage 101 et c'est ce qui en fait un tome totalement indispensable.
safedreams
Le 27/12/2005 à 15:28:27
Pour vraimer adorer cette série il faut connaitre les récédents donjon je pense... Après c'est toujours aussi bon ! Truculent, imaginatif, drôle, jouissif ! Les dessins sont naifs et tout est fait pour le plaisir de lecture, la lisibilité et l'efficacité de la narration... Un vrai plaisir de lecture !
safedreams
Le 29/11/2005 à 20:01:31
L'histoire et les personnages sont toujours aussi bons que dans les Donjons Zenith et Potron Minet et autres Monsters. Il y a un coté plus noir dans cet épisode avec le périple du roi poussière (Marvin). On a également un personnage bourrin à souhait et une petite chauve souris toute mimi de naïveté. Bref, que du très très bon !!!
scalp
Le 27/11/2005 à 10:29:28
Que dire.... J'aime vraiment pas : je trouve le dessin moche ( j'essaye de rester correct ) quand à l'histoire j'ai eu du mal à finir l'album tellement sa m'endormait.
jean-no
Le 30/06/2003 à 00:42:37
La série Donjon crépuscule est la plus complexe des époques de Donjon : chaos, destins shakespeariens, désintègration de terra amata,... Où l'on verra que Marvin le dragon et Herbert le canard auront fini par ne plus être amis (quoique). Herbert, devenu le terrible grand Khan, tuera des centaines de personnes par jour tandis que Marvin, aveugle, sera surnommé "le roi poussière". Dans la galerie de nouveaux personnages, ce premier tome nous présente "marvin le rouge", un lapin sanguinaire. Les albums de la série "crépuscule" sont à lire après les deux premiers albums de la série Zénith (coeur de canard et le roi de la bagarre) si l'on désire les savourer totalement : les changements entre les deux univers sont vertigineux.