S
ortie conjointement à la cinquième aventure du héros tropézien, cette intégrale en petit format reprend les quatre premières enquêtes du célèbre détective aux tenues estivales. Une initiative des éditions Dargaud qui permettra aux amateurs de polar, quelque peu récalcitrants à la mode des chemises à fleurs, de mettre de côté leur à priori et de découvrir à prix réduit les nombreuses qualités de cette saga.
Au premier abord, le look fleuri de ce playboy pourrait en effet faire craindre que le personnage soit beaucoup trop lisse et peu intéressant. Heureusement, Olivier Berlion a l’intelligence de donner de la profondeur à son privé de la jet-set en levant lentement le voile sur son passé turbulent et sur le mystère qui entoure la disparition de son père. En entretenant cette part de mystère, l’auteur parvient à donner du charisme à son personnage. Au milieu du luxe, des plages, des soirées gentry arrosées de filles, de coke et d’alcool, Tony Corso sort véritablement du lot et balance des répliques cinglantes au fil des pages. La nonchalance du héros, son répondant plein de cynisme et cette narration relâchée et amusante font mouche. De plus, l’auteur propose chaque fois une galerie de personnages aux caractères bien trempés, qui entretiennent des dialogues jubilatoires et remplis d’humour. Du taximan rasta passionné de foot au tueur cocaïnomane dont le calme n’a rien d’olympien, en passant par un malfrat adepte de mot-croisés, aucun protagoniste ne passe inaperçu, tandis que Madgid, l’ami d’enfance avec qui Tony partage un passé de "hors-la-loi", renforce le côté "voyou/rebelle" de cet enquêteur à la clientèle composée de milliardaires.
Les quatre enquêtes proposées dans cet ouvrage sont efficaces, riches en rebondissements et rondement menées. Passant avec aisance du milieu du showbiz et des menaces de mort à l’encontre d’une pseudo-rock-star issue de la télé-réalité à des affaires de corruption impliquant les plus hautes sphères du gouvernement, le scénariste propose des intrigues variées et divertissantes. Une variété qui se retrouve également au niveau des changements de décor et qui évite au lecteur de se lasser de l’ambiance jet-set de la côte d’Azur en parcourant le globe, du Bélize au Togo en passant par Rome. Sous le soleil de Saint-Tropez, bien loin des polars se déroulant dans des ruelles bien sombres et dans des quartiers lugubres, le graphisme d’Olivier Berlion est forcément plus flashy et plus tape-à-l’œil que dans Histoire d’en villes (aux éditions Glénat), mais il colle parfaitement au cadre de l’histoire et offre une grande lisibilité. De plus la colorisation est d’une grande justesse et le côté ensoleillé sied parfaitement au ton relâché de la saga et de son héros et contribue à mettre le lecteur de bonne humeur.
Divertissante, intelligente et drôle, cette intégrale qui respire l’été ravira les amateurs du genre en cette période estivale.